13 12 đến nay là bao nhiêu ngày

Giới thiệu về cuốn sách này


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II. Tết Hàn thực (1)

Cuối mùa xuân, đến ngày mồng ba tháng ba gọi là tết Hàn thực ; cắt nghĩa ra (2', là đổ lạnh không dùng lửa. Vi thủơ đời nước Tân (3) bên Tẩu, về ông Văn công, muốn dùng (4) ông Giới tử Thôi, mà ông ấy không muôn ra làm tôi, cứ ở trong rừng, vui lòng non nước, thích chi 5 khỏi mảy (6) ; vua giận lắm, sai người đốt rừng, thê mà ông ấy còn không chịu ra, cô ý (7) ôm cây mà chết cháy. Cho nên dân gian (8) thương ông ấy là người hiểu mà chết về nghiệp (9) lửa, tại thê đến ngày ây thì làm bánh sẵn thả xuống nước (10), có ý để cho nguội rồi mới ăn : gọi là bánh chơi nước. Bánh ây thì phải làm cách này: gạo dâm (11) nhỏ nên bột, rồi hòa (12) với nước, mà viên chòn bằng quả táo ; trong cho một miếng đường nhỏ, bỏ vào nổi nước luộc lên. Một lát thì là được ; đề cái dĩa cho nước lã (13) vào, ăn hai ba ngày cũng được, không thiu.

Nước Tẩu cùng nước Nam ai ai cứ năm, thì ăn uông gì dẫu độc (45)

cũng

đến giữa giờ ngọ, vẻ ngày hôm mồng năm tháng không độc, cùng phơi (15) giống gì như là sách

(1) HÀN THỰC,

ne consomm er que des aliments préparés longtemps à l'avance. (2) CÁT NGHĨA BA, si Ton explique le sens.

(3) TẤN, TH, un des grands états feudataires et presque indépendants de la Chine au temps des CHAU;

plus loin, vÊ, au temps de.

(4) DÙNG, employer, donner un emploi ; plus loin Tô, fonctionnaire, ministre.

(5) THÍCH CHỈ, se complaire; voir note 4, page XVII, et note 19, page cx.

Ề, manger froid. Cette fête est ainsi appelée de la coutume où l'on est de

(6) KHÓI MÀY, brumes et nuages.

(7) Cô ý, s'entêter, s'obstiner, persister; voir aussi note 4, page LXVII.

(8) DAN GIAN,, parmi le peuple, le peuple.

(9) NGHIỆP, malheur, fléau, supplice, genre de mort; voir l'avant dernière ligne du texte no 14. (10) THẢ XUỐNG NƯỚC, mettre dans leau; plus loin NGUỘI, se retroidir; CHÕI, TRÔI pour NỔI, surnager,

être sur l'eau.

(11) ĐÀM, écraser au pilon.

(12) Hòa, accord, mélange, mélanger avec, additionner de. VIÊN TRÒN, rouler en pilules, en boules. QUẢ TÁO, prune.

(13) NƯỚC LÃ, eau fraiche, naturelle; plus loin, KHÔNG THIU, ne pas sentir, ne pas être gàté.

Will

(14) BOAN,, commencement, origine, correct, vrai. ĐOAN NGO, la vraie heure; NGO, juste à T'heure; NGO, de NGŨ 4, septième des douze caractères horaires, symbolisé par le cheval, sert à désigner le temps compris entre 11 heures du matin et 1 heure de l'après-midi.

(15) DẪU Độc, quand même ce serait un poison, quelque chose de nuisible à la santé. Voir pour DAU, note 17, page LIV, et note 8, page cviii et pour ĐỘC, note 15, page cxx. (16) PHƠI, exposer, faire sécher au soleil. Voir note 5, page CXL.


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Bắt cái ! bắt cái ! này : hổ khoan Đi dâu (6) mà chẳng lấy chồng. Hồ khoen ! Người ta lây liệt (7), dừng không (8) mà giàu (9) ? — Hô khoa !

(1) KẺ Mơ, mot à mot, village des pruniers; c'est le nom vulgaire du village de BACHI MAI, É,

ou des pruniers blancs, situé dans la province de Hanoi, à droite de la route de Hue et non loin de l'étang dit DẨM SET, ou étang de l'argile. C'est sur le territoire de ce village que se trouvent les quatre chiens de pierre connus sous les nom de BỒN CHÓ DA; Mo est une forme vulgaire mais régulière de MAL; c'est ainsi que certains disent encore MOT pour MAI, demain; BO, pour BA trois; DOM, porter pour DEM, lequel vient de DAM, etc. KÈ est synonyme de xí ́.

(2) TÌNH cò, par hasard; cette locution peut s'expliquer ainsi : vìxn,, sentiment, opinion, attente ; cờ variante de kỲ, , terme, limite, rencontre, coïncidence, s'attendre à, espérer; la tournure serait interrogative et signifierait littéralement mon opinion s'attendait-elle (à cela)? Il existe d'autres locutions presque de même forme et ayant à peu près le même sens. Ex: AI HAY? AI NGỜ ? qui le sait? qui le saura? qui l'eût eru ? qui l'aurait pensé ? Ces locutions doivent souvent se rendre par la forme affirmative : à l'insu, contre l'attente. On trouve, d'ailleurs, en chinois, l'expression RẤT TINH,. qui signifi contre l'opinion, à quoi on ne doit pas s'attendre, et BAT KỲ,, ne pas s'attendre à.

(3) TRÀNG SINH, ₺ 4, aujourd'hui TRANG LAC,, près de Hanoi ; c'est sur son territoire que se trouverait la fabrique d'allumettes.

(4) DINH, voir note 1, page XXVII.

(5) NGHE, ancienne appellation qui sert aujourd'hui pour désigner un docteur cỬ NHÂN, ou encore un lettré qui a subi les examens avec succès.

(6) ĐI ĐÂU, expression de reproche qui est l'équivalent de à quoi pensez-vous? à qnoi songez-vous ? que voulez-vous faire ?

(7) NGƯỜI TA LẦY HET, les autres filles out tout pris; mais on peut entendre aussi toutes sont mariées. (8) ĐỨNG KHÔNG, rester seule, sans mari.

(9) GÃO, se lamenter, crier d'une voix rauque, crier jusqu'à s'égosiller.


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Tê Sơn xuyên (1) là lễ các thần sông, thần núi. Tê Hội đồng (2), là lễ bách thần và ông Thiên thần (3) làm việc trong một năm ấy, cùng ông Thổ thần (4), ông Thổ công, ông Táo quân.

Tê Công thần (5), là lễ những ông có công ra mở nước; như ông Tả quản (6) tên là Lê văn Duyệt (7); ông Trung quân tên là Lê Chất ; ông Tán lý (8) tên là Đặng trấn Thường.

Tề Trung thần (9) là những ông có lòng trung với nhà nước, như ông Phan thanh Giản (10), ông Nguyễn tri Phương (11), ông Hoàng Diệu.

(1) SƠN XUYÊN, [ JII, montagnes et cours d'eau.

(2) HỘI ĐỒNG,, assemblée, réunion, totalité. Voir aussi note 11, page XLV. BÁCH THẲN, É, les cent génies, c'est-à-dire tous les génies, les THÀNH HOANG, etc.

(3) THIÊN THẦN,, génies du ciel, au nombre de douze ; ils président tour à tour à chacune des années du cycle.

(4) THỔ THẤN, ± Ĩ, génie auquel est censé appartenir le territoire occupé par le village (habitations et champs). THỔ CÒNG, ✩, seigneur de la terre ; c'est le maître du terrain pris par l'emplacement de la maison. Il préside aux destinées de la famille, au même titre que le THỔ THẨN préside aúx destinées du village. Toutefois le THỔ THẨN est de beaucoup inférieur au THÀNH HOÀNG, qui est le chef de la cité. Pour TÁO QUÂN, voir note 1,

page cvi.

(5) CÔNG THẦN, TH, sujets, citovens méritants ; CÓ CÔNG RA MỞ NƯỚC, mot a mot avoir le mérite de suivre le roi pour fonder, conquérir ou reconquérir le royaume. Ici mở équivaut à LẬP.

(6) TÀ QUÀN,, maréchal de gauche. A la tête des forces militaires, il y avait cinq maréchaux ; savoir: TRUNG QUÂN,, maréchal du centre; TIÊN QUAN,, maréchal de l'avant garde,

TẢ QUÂN, #ifi, maréchal de l'aile gauche ; HỮU QUÂN. gif, marechal de Taile droite ; HẬU QUẢN,

maréchal de l'arrière garde.

(7) LÉ VAN DUYÊT, 黎文悅, L.É CHÂT,黎質, DANG TRĀN THUÔNG, 鄧陳常,ont tous

trois contribué puissamment au triomphe de GIA LONG. LE VAN DUYỆT fut vice-roi de la Cochinchine et il se montra, en cette qualité, aussi bon administrateur qu'il avait été habile guerrier. C'était un homme d'un caractère très élevé et inaccessible à d'autres sentiments qu'à ceux de la stricte justice. Lorsque MINH MẠNG successeur de GIA LONG, renonçant aux dettes de reconnaissance contractées par son père à l'égard des Francais et des catholiques qui l'avaient aidé à remonter sur le trône des NGUYỄN, Jança un édit de persécution contre ces derniers, on dit que LÊ VAN DUYỆT, déchira le texte qui lui était communiqué pour exécution en s'écriant : « Comment! nous avons encore dans les dents les grains du riz dont nous a nourris l'évêque d'Adran, quand traqués par les TÂY SƠN nous mourrions de faim dans les îles du golfe du Siam et nous persécuterions ses coreligionnaires! Un édit royal a conféré, par une faveur suprême à LÊ VĂN DUYỆT et à LE CHAT, le nom de NGUYEN, comme nom de famille, en place de celui de LÊ.

D

(8) TÁN LÝ,, major général, généralissime.

(9) TRUNG THẦN, ⇓, serviteurs loyaux.


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Này lúc người ta gần chết, còn hấp hối (1), thi con phải đặt tên thụy (2), để khi cúng cử tên ấy mà khôn, và lấy cái lược thưa mà cậy hảm ra (3), cho ba hạt gạo, ba phân vàng, củng là trân châu hổ phách vào miệng ; rồi để tờ giấy trắng lên mặt, gọi là phủ mặt phòng khi (4) con mèo, con chuột nó trông vào con mắt chẳng. Lại đem bẫy vuông lụa trắng mà thắt hồn bạch (), như hinh người ; hễ thất mỗi núi, thì lại gọi tên người chết

Quand THÚY KIỀU, qui s'est vendue pour racheter son père, s'apprête à partir avec son maître, elle fait ses adieux à sa jeune sœur THÚY VAN, et lui dit. pour dernière recommandation:

MAI SAU ĐẦU ĐẾN BAO GIỜ,

ĐỐT LÒ HƯƠNG ẤY, DÒ TƠ PHIM NÀY: TRÔNG RA NGỌN CỎ LÁ CÂY,

THẤY HIU HÁT GIÓ, THÌ HAY CHỊ VỀ.

Dans la suite, même à n'importe quel moment,

Brûlez de cet encens, faites vihrer les cordes de cette guitare,

Et si, examinant les tiges des herbes, le feuillage des arbres,

Vous les voyez agités par une légère brise, sachez que c'est l'àme de votre sœur qui revient. Ainsi, même alors que la vie l'attache plus étroitement au corps, l'àme HỒN, car c'est d'elle et non du PHÁCH qu'il s'agit ici, peut le quitter et s'en éloigner momentanément; à plus forte raison quand les liens de cette association sont relâchés par la mort. Voici d'ailleurs ce que disent à ce sujet MM. Bouinais et A. Paulus dans leur nouvel ouvrage intitulé Le Culte des Morts dans le Céleste-Empire et l'Annam, page 11: « La partie la plus relevée de l'âme... peut être fixée dans les tablettes funéraires dont nous parlerons plus bas ou bien elle hante la demeure des enfants et des descendants; elle comble ceux-ci de bienfaits et les couvre d'une protection quotidienne en échange des sacrifices qu'elle reçoit au foyer domestique, au temple des ancêtres ou au tombeau; en cas d'abandon, elle frappe la postérité impie de châtiments matériels et spirituels. L'âme conservant toute sa connaissance.peut être évoquée ou apparaitre spontanément ».

(1) HAP HÔI, être prêt à rendre le dernier soupir.

-V

(2) THỤY,, nom honorifique conféré, après la mort, par l'Empereur; nom inscrit sur l'épitaphe et qui remplacera, désormais, pour la personne morte, celui qu'elle portait pendant la vie. Cú, se conformer, constamment, etc., peut se traduire souvent par les prépositions d'après, par. Voir note 7, page XLII. (3) CẬY HÀM RA, forcer les mâchoires à s'ouvrir; CẬY, se dit d'une porte, d'un couvercle, etc. TRÂN CHÁC HỒ PHÁCH,, perles et ambre. Cela rappelle l'obole destinée au nocher des

Enfers.

(4) PHONG KHÍ, dans la prévision. la crainte que, ou, pour empêcher que. KHI, dans bon nombre d'expressions, correspond absolument à notre conjonction que.

(5) THÁT HÔN BẠCH, former à l'aide de nouds l'âme de soie blanche. HON BẠCH, ; c'est une grossière imitation du corps humain, dans laquelle, on invite, par des appels répétés, l'âme HON, récemment séparée du corps, et déjà errante, peut-être, à venir se fixer. NÚT, nœud. TAM HỔN THẤT PHÁCH, Et les trois facultés de l'âme spirituelle, les sept sens de l'âme matérielle ou du souffle animal. On sait que c'est du principe AM, ou femelle, que procède l'àme PHÁCH, et que c'est du prince DƯƠNG, ou mále, éthéré, que procède l'ame нÓN.


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Viện Cơ mật (1), là viện theo máy thận mật trong nước, có hai ông đại thần sung (2) làm chức ây, phòng khi có việc quân quốc đại sự thi hội ở đây mả bản, rồi mới tâu vua.

Tòa Nội các (3), thì có bòn ông quan nhớn các viện sung vào ; tòa ây là hầu gần trong cung câm; như khi vua có chỉ sắc, thì về tòa ây sao mà ban ra ngoài ; còn bản nguyên mà có chữ vua châu phê phải lưu ở đây. Lại còn hầu chực(4) đêm ngày, hoặc khi vua có ban hồi nghĩa sách, thi tra mà dâng lên để ngự lãm.

Lục bộ, là gồm hết cả việc trong nước, cho nên phải đặt ra sáu bộ, mà trong mỗi bộ lại có đặt riêng từng ti (5), để coi việc. Bộ nào điều có một ông Thượng thư làm đầu ; còn các bộ thuộc thi nhiều lắm. Như bộ Lại thì xếp việc quan lại ; viên nào thăng giáng, cũng tại bộ ây, và làm bằng cho các quan nữa. Bộ Hộ thì giữ việc đinh điển (6); trong một năm thu thuê, dược bao nhiêu, hay là phát ra hết bao nhiêu, với lại số định thêm bớt thể nào, tại về bộ ấy. Bộ Lễ thì coi việc tế lễ : các ngày quốc tế cùng các chỗ lăng miêu (7), do ở bộ ây ; lại còn việc coi sóc thi cử, và làm sắc bách thần. Bộ Binh thì quản về bên võ, cắt đặt các quan binh, cùng rèn tập (8) quân lính, còn sai đi đóng đồn phòng giữ các nơi, hay là đánh giặc đánh giã ở quyển bộ ây cả. Bộ Hình thì chuyên (9) xét việc án, giữ gìn luật phép nhà nước, cần nhắc tội danh ; những kẻ

Bắc, mot à mot cabinet du ressort secret. THẬN, LH, important, sérieux,

Ali, affaire grave

grave.

(2) SUNG, f, etre affecte a, charge de. QUÂN QUỐC ĐẠI SỰ, if

touchant à la sécurité ou aux intérêts de l'Etat.

(3) Nội các,, bureau du cabinet intérieur, secrétariat du roi. CÁC VIỆN, de différents services ou bureaux. CUNG CẤM, mot à mot, palais interdit, c'est-à-dire appartements privés, appartements du roi, pavillon où se tient le roi. CHỈ SẮC, décision et brevet ou encore texte d'une décision. Pour CHÂU PHÈ, voir note 6, page CLXXII. Quant à LUU,, il signifie retenir.

NGUYÊN BẢN, lf A, la pièce originale, Toriginal.

(4) HẨU CHỰC, attendre les ordres, se tenir à la disposition. BAN HỎI, faire l'honneur, accorder la faveur de demander. LAM,, prendre connaissance, soumettre à l'examen.

(5) T1, section d'un bureau, division d'un ministère. Bộ THUỘC,, employés appartenant

aux ministères. XEP, réunir, centraliser. THANG GIÁNG, H, promu ou rétrogradé.

(6) ĐINH ĐIỂN, TH, inscrits et rizières. Thu, THÂU H. percevoir, recouvrer. PHÁT, HÀ

dépenser.

(7) LĂNG MIỀU,, tombes royales et temples nationaux. Do relever de, appartenir à, dépendre de. Thí cù, H4,

examens ou concours.

(8) RÈN TẬP, de LUYỆN TẬP., exercer, pratiquer, faire manoeuvrer.

Ở QUYỀN, être au pouvoir

de, être du ressort, de la compétence de, dépendre de.

(9) CHUYÊN,

avoir pour attributions spéciales. CÂN NHẮC, peser et soupeser, apprécier. Tội DANH, les condamnés, les condamnations. Brợc THA, obtenir sa grâce. QUYêt xử, it [, juger dernier ressort, trancher, décider.


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thôi, ông ây cử lây bốn chữ ây làm đầu, mà đọc ngay nên một bài văn tế thật hay, bên Tẩu chịu là tài và hay chữ. Ông Lê như Hồ (1) cũng đỗ trạng nguyên đời nhà Hậu lê, cũng sang sử Tầu, vua Tấu nghe tiếng là người hay chữ mới dạy viêt thuộc lòng một pho tử thư ; ông ây viết từ đầu đến cuối, không sai một chữ, cả nước Tầu lây làm thần phục. Bà Triệu ẩu (2) người cao hai trượng; không lấy chồng, dời nhà Hán bên Tẩu, Ngô tôn Quyền sang quây, bà ây cưỡi voi đánh nhau với Ngô thường nhiều trận được. Bà Trưng trắc (3) Trung nhị hai chị em đem quân đánh nhau với Mã viện đời nhà Hán, vì sang đô hộ (%) mả hay tham tàn hại dân, cho nên hai bà ây dây lên đánh lây lại được hơn bẩy mươi phủ huyện tỉnh thành. Bà Thị điểm (5) là một người đàn bà đời nhà Hậu lê, vừa đẹp vừa hay chữ, khi quan Tẩu sang phong vương nước Annam, bà ây làm thơ xướng họa (6) với Tầu, Tẩu khen là : « Nữ trung văn học (7) ».

Thổ sản, kỹ nghệ

Nước An nam vốn rằng quí địa (8), những của lạ người khôn, biết là bao nhiêu !

Như ở trên rừng, loài thảo mộc (9), thì gỗ lim, gỗ sên, gỗ táu, gỗ dinh, gỗ mun, gỗ chắc, gỗ dổi, gỗ gụ, gỗ vàng tâm, gỗ thông, gỗ trò, và cỏ thi, cỏ cói, cỏ gianh, lá gối, cây ró, cây bương, cây nứa, cây dang, cây lại, cây máy. Như hoa quả củ hạt mật giựa, thi mang, nấm hương, mộc nhĩ, hoa hỏi, quả quít, quả mơ, quả mít, quả chám, quả xim, quả bổ quân, quả bỏ hỏn, quả bỏ kết, củ nâu, củ mải, củ bán hạ; hạt giẻ, hạt đậu khâu, hạt tiêu, hạt lai, hạt sở, hạt chẻ, hạt sa nhân, và sơn, chai, mật ong, mật gấu. Như loài muông thú (10), thi con voi, con hổ, con báo, con lười ươi, con khỉ, con vượn, con hươu, con nai, con lợn rừng, con bò tót, con tê, con chó sói, con dê rừng, con gấu, con rim, con cầy, con cáo. Như loài cầm (11), thì con công, gà gô, gà rừng, con

(1) LÈ NHƯ HỒ,

H

(2) TRIỆU ÂU, Ê ĐÊM; HÁN LA, dynastie qui régna de 296 av. J.-. à 221 ap. J.-.

(3) BÀ TRƯNG TRÁC, voir note 2, page CLX.

(4) Đô Hộ,, protecteur généralissime.

(5) THỊ ĐIỂM, H. PHONG VƯƠNG, conférer le titre de roi.

(6) Xướ g họa, PH, déclamer et s'accorder ou reproduire les rimes. Composer une poésie avec

les rimes d'une autre pièce qu'on vous lit; chanter à l'unisson.

(7) Nữ Trung Văn học,, mot à mot lettré, littérateur parmi les femmes.

(8) QUÍ ĐỊA, Thị H, terre précieuse, sol riche. BIẾT LÀ BAO NHIÊU, mot à mot, sait-on combien ils

sont nombreux ?

(9) THẢO MỘC, A, herbes et arbres, végétaux. HOA QUẢ, H, neurs et fruits ; MẬT GIỮA,

sucs et gommes.

(10) MUÔNG THÚ, quadrupèdes.

(11) CẨM,, oiseaux. TRÙNG,, reptiles, vers, insectes et chenilles.


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iểng, con vẹt, con sáo, con khướu, con họa mi. Như loài trùng thì con trăn, con rắn hổ mang, hổ lửa, cạp nia, con rết, con cập kẻ, con rơi.

Ở ngoài bể thì có các loài thủy tộc (1) như cá voi, cá sâu, cá ông sư, cá nhám, cá lợn, cá he, cả chim, cá húng, cá dưa, cá thu, cá vược, cá mực, cá phèn, cá thu ; tôm hùm, tôm he, cua bể, ốc bể, hên bề, hải sâm, sứa, muôt, thủy trấn, sò, hầu, con sam,

đồi mồi.

Ở dưới đồng bảng thi sáu giông thóc, như lúa chiêm, lúa mùa, thóc nếp, thóc tẻ, lúa ngô, đậu xanh, đậu đen, đậu tương, đậu mắt cua, vừng, kê. Các giống khoai củ, thi khoai lang, khoai sọ, khoai nước, khoai môn, củ từ, củ sắn, củ cái, củ cảm, gủ cải, củ lạc, củ năn, củ âu, củ súng, củ hành, củ tỏi, củ gừng, củ nghệ, củ giềng. Các thứ quả thi quả cau, quả ổi, quả táo, quả chanh, quả vải, quả nhãn, quả hồng, quả cậy, quả thị, quả cam, quả chuôi, quả dứa, quả na, quả nè, quả xung, quả vả, quả lựu, quả mận, quả bưởi, quả bòng, quả thanh yên, quả muỗm, quả doi, quả núc nác, quả bầu, quả bí, quả dưa gang, quả dưa hậu, quả dưa bở, quả dưa chuột, quả mướp hương, quả mướp đắng, quả ớt, quả cả dừa, quả cả pháo, quả cả chua. Các thứ cây, và hoa thì cây bông, cây gai, cây mít, cây sỏi, cây dầu, cây soan, cây tre, cây đa, cây đề, cây vòng, cây trúc, cây đu đủ, cây lộc vừng, cây thiên tuế, cây liễu, hoa hồng hoa lan, hoa cúc, hoa huệ, hoa mai, hoa nhài, hoa sói, hoa ông bụt, hoa ngâu, hoa đại, hoa sen, hoa lý, hoa hiên, hoa mộc, hoa móng nước, hoa phù dung, hoa đơn, hoa mảo gả, hoa chả, hoa oanh bất lập, hoa mãn đình hồng, hoa qui, hoa nhất phẩm hông. Các thứ rau, thì rau muống, rau cải, rau đay, rau rút, rau rền, rau thơm, rau húng, rau ngổ, rau răm, rau cần, rau củ khởi, rau khoai lang, rau cúc tắn, rau đinh lăng, rau đăng cay, rau mơ, rau đơn, rau vọng cách, rau mồng tơi, rau diếp, rau lú bú, rau ngót, rau muối, rau xam. Các thứ hạt, thi hạt sen, hạt dổi, hạt với, hạt mùi, hạt giấu giấu, hạt gấc. Các giông lục súc(2), con ngựa, con trâu, con dê, con gà, con chó, con lợn ; cùng các loài vật nh con lừa, con bỏ, con cừu, con mèo, con chuột, con kiên, con cóc, con ếch, con chẫu, con nhái bén, con bọ, con sâu, con muỗi, con ruồi, con chuồn chuồn, con bướm bướm, con cáo cáo, con châu châu, con bọ ngựa, con môi, con gián, con giê, con cả cuông, con niềng niễng, con rận, con chây. Các thứ chim thì con cò, con cốc, con giang, con bồ nông, con vạc, con mỏng, con le, con quốc, con tu hú, con dẻ củi, con bồ câu, con chim ngói, con sít, con rẽ, con cun cút, con chào mảo, con quạ, con riều hâu, con cú, con bồ các, con cắt, con chim sẻ, con chim sâu, con bói cá, con bông lau, con diệc, con sâm cầm, con chích choè, con nhạn. Các thứ cá thì cá chắm, cá chép, cá mè, cá chòi, cá nheo, cá chiên, cá giếc, cá rô, cá quả, cá mòi, cá

race aquatique, les espèces aquatiques.

(1) THỦY TỘC, A (2) Lực súc, mot à mot les six élevés, les six espèces que l'homme a domestiquées, et , Ă avec une acception plus générale, les animaux domestiques.


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thì quí báu (1), đi dàng người vợ phải gói lại, giàu trong tay áo ; đến khi về coi lại thi gói mất ; chồng thì nghèo không sức mà thường, rầu rỉ muốn chết. Ngày ấy tên Châu lượm đặng (2) gói đổ, biết là đổ vợ họ Cổ làm rớt, chờ họ Cổ đi khỏi : nửa đêm leo vách vào, nhằm lúc vợ họ Cổ nực nằm nhà ngoài. Tên Châu lây gói đồ ra cho, có ý dỗ (3) đờn bà hỏa gian; vợ họ Cổ không chịu. Tên Châu không nghe, muốn làm hung (4). Vợ họ Cổ nói khéo (5) rằng : « không phải tòi chê cậu, tôi thây chồng tôi thường đau ôm, thủng thẳng đợi chồng tôi chết rồi sẽ hay. » Tên Châu nghe đặng (6) bỏ ra vẽ, đón dàng giết họ Cổ, tôi lại (7) tuôt qua nói với vợ họ Cổ rằng : « anh đã bị người ta giết rồi, thôi trước nói làm sao, bảy giờ phải nhìn lời. » Vợ họ Cổ nghe nói khóc lớn lên, tên Châu sợ chạy mất. Sáng ngày vợ họ Cổ cũng chết. Ông Phi công xét rồ tình hình (8) làm tội quyết cho tên Châu. Ai này điều phục (9) ông ây thần minh, må chẳng biết ông ây lây cớ gì mà tra án ấy. Ông Phi công dạy rằng: tại mình gặp việc không chủ ý (10) ; chẳng có sự chi là khó. Sô là khi đi lây lược nghiệm được đẩy bạc thây để chữ vạn (11); đến khi coi bạc tên Châu, thì cũng để chữ vạn : ây là đồ một

(1) QUÍ BÁU,, précieux, de grande valeur. Di DANG, pour se mettre en route. KHÔNG SỨC MÀ THƯỜNG, ne pas être en état d'indemniser.

(2) LƯỢM ĐẶNG, equivant au tonkinois NHẬT ĐƯỢC. LÀM BỚT, laisser tomber. ĐI KHỎI serait remplacé au Tonkin par DI VANG.

(3) Có ý Dổ, chercher à séduire, à persuader, à amener à. HOA GIAN,, consentir à commettre l'adultère; adultère commis du consentement des deux parties.

(4) LÀM HUNG, faire violence, user de violence; HUNG, est le chinois, cruel, féroce, brutal. Au Tonkin, on dit LAM DỮ, ỨC HIỆP, BÁT ÉP, toutes expressions connues en Cochinchine.

(5) NÓI KHÉO, parler habilement, langage spécieux, recourir à un artifice en parlant. KHÔNG Phài, ce n'est pas que. THỦNG THẲNG, THONG THA, lentement, doucement, de temps en temps, sans se presser. SE HAY, et alors nous aviserons.

(6) NGHE ĐẶNG, ayant goûté ce raisonnement, s'étant laissé convaincre. Bo, quitter. DoN ĐÀNG, barrer le passage, attendre au passage.

(7) TỔI LẠI, quand la nuit fut venue. TUOT QUA, se rendre tout droit. THÔI... c'est une affaire réglée, et maintenant... NHÌN LOI, tenir sa parole.

(8) TINH HÌNH, E, les circonstances. LAM TOI QUYET, prononcer la peine de la décapitation, QUYET,, signifie couper, trancher, décider, décapiter.

(9), PHỤC H se soumettre, reconnaître, la supériorité, le talent, l'autorité. THẨN MINH, H,

intelligent divine, surnaturelle. Có, de, cú, témoignage, preuve, argument, ce sur quoi on fait fond. TRA ÁN,, équivaut ici à LAM AN, rendre un jugement.

(10) TẠI MÌNH GẶP VIỆC KHÔNG CHỦ Ý..., cela vient de ce que, quand on est en présence d'une affaire, d'ordinaire on n'y applique pas toute son attention, autrement, il n'y a pas qui présente de véritables difficultés. CHU, E, diriger la pensée, ferme résolution, décision, plan.

(11) VẠN,, dix mille, la forme vulgaire est MUÔN.


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mà trả lại cho ông bắt ». Họ Lý rằng : “ bảng trả nợ cũ (1) bát chú phải trả, thì chú thiêu biết là ngắn nào » ? Tên ây buồn mà nói rằng: thiệt quả như lời ông nói; con người ta có công việc làm (2) mà chịu tiền ngàn cũng không phải trả bằng chịu thinh không (3), dẫu một hạt cơm cũng chẳng nên quèn, huống chi là chịu ơn vô toán ». Tên ấy nói rồi liền đi mất. Họ Lý cũng sinh nghi (4) trong lòng ; thoát chúc người nhà tới thưa đêm ây con lừa cái đẻ một con lừa dực mà số sữa (5) xinh tốt ; họ Lý nhớ may nói có khi con lừa con nầy thì là dứa thiêu nợ minh chăng. Cách ít ngày họ Lý trở về nhà thấy con lừa con bèn hô (6) tên người thiếu nợ mà kêu chơi; con lừa con liền chạy lại dường (7) như có đều hiểu biết. Từ ây họ Lý mới lây tên người thiếu nợ mà đặt cho con lừa. Đên khi con lửa lớn, ông ây cỡi đi chơi xa, nhiều người giàu có muốn mua, trả nhiều bạc (8) ; kê lây ông ây có việc nhà phải trở về không kịp làm giá. Qua năm sau, Jura ngựa nuôi chung một buồng, lừa bị ngựa cản gẫy ông chơn, làm thuốc không lành. Xảy có một ông thầy thuốc trâu tới nhà họ Lý, thấy con lừa bèn xin lãnh về cho thuốc họa may (9) có mạnh, bán được giá bao nhiêu sẽ chia đôi. Họ Lý chịu, thấy thuốc trâu lãnh lửa về nuôi (10) ít tháng lành đã, rồi bán được một ngàn tám trăm, chia phần nửa cho họ Lý ; họ Lý nhớ sực (11) lại thi đúng giá tiền đậu xanh.

Ay rõ ràng nợ Dương gian (12), mờ mờ Âm phủ trả, cũng đủ mả giục lòng người.

(1) Bằng trả nợ CŨ, si je voulais faire le relevé de toutes les vieilles dettes, les dettes antérieures. BIẾT LA NGAN NÀO? savez-vous jusqu'à quel chiffre elles s'élèveraient.

(2) CÔNG VIỆC LÀM, salaire dû pour une besogne qu'on fait. MA CHIU TIÊN NGAN, recevrait-on de l'argent par milliers (de sapèques). CŨNG KHÔNG PHẢI, on ne serait pas pour cela dans l'obligation de

(2) THANH KHÔNG, THÌ E mot a mot pur et vide, a titre purement gratuit. DẪU MỘT HẠT CƠM,

même un grain de riz. HUỒNG CHI, à plus forte raison. Vô TOÁN, mot à mot sans (pouvoir) compter, innombrable.

(4) SINH NGHI,, concevoir des soupçons, être intrigué, se livrer à des conjectures. THOÁT CHÚC (CHỐC), aussitôt, à l'instant même.

(5) Sổ sỮA, regorger de lait, se dit des poupons, des petits des animaux. NHO MAY, se rappeler

subitement.

(6) Hô, μF, proférer. Voir note 11, page CLI. KEU, appeler, peu usité dans ce sens au Tonkin, où l'on dit Gọi, terme connu aussi en Cochinchine.

(7) DƯỜNG, manière, de la même manière. DƯỜNG NHƯ, comme si. Voir pour DUONG la note 7, page XXNH. ĐỀU HIỂU BIẾT, entendement.

(8) TRÀ NHIỀU BẠC, offrir une forte somme. LAM GIÁ, arrêter le prix, conclure le marché. THẤY THUỐC TRÂU, Vétérinaire.

(9) HỌA MAY, si, par bonheur; HOA parait être le même que HOẶC,

incertain, peut-être, si, par

hasard. CHIA ĐÔI, partager en deux, faire deux portions égales.

(10) Nuôi, non pas nourrir, mais soigner. LANH ĐÃ, guérir. CHIA PHẨN NỬA, donner la moitié. (11) NHỜ SỰC LẠI, se souvenir justement, se rappeler soudain. ĐÚNG GIÁ, atteindre le prix, égaler la

valeur.

(12) No DƯƠNG GIAN, dette contractée sur la terre; MO MO, en cachette, mystérieusement, d'une façon occulte. CŨNG ĐỦ MA GIỤC..., cela suffit néanmoins à engager...; GIỤC de xúc, piquer, exciter, éperonner.

Xét cho kỉ mà coi (2) thì nào có thấy ích lợi gì đâu ? Thây hại thì có mà thôi.

Trước hết (3) mất công mất linh, không làm gì được. Tài gì mà chẳng mất công ? Sáng ngày ra dậy ngồi sụ sụ (4) khoanh tay đó một lát. Có kẻ lây khăn rữa mặt ; ki rửa lau chùi rồi hút một hai điều thuốc vẫn (5), nhai một miếng trấu, đi ngoài rồi vô. Có cháo lão, trả lá chi húp sơ ba miệng, rồi lại giường hút sửa soạn đồ ; lau ông chủi nổi, lây móc (6) cạo nhựa sột sột, vỗ gỗ nổi lộc cộc, sắp tiêm lại, bắt tim đèn ; hoặc cạn dầu thì đổ dầu làm lại cho tử tế, rồi mới nằm xuống, nghiêng lại tiêm vài ba điều hút đã. Rồi cũng lẩn quẩn (7) nội mâm hút, sửa cái nẩy, soạn cái kia lúc thúc đó hoài ; cho đên khi cơm dọn rồi, trẻ (8) vào thưa mới ra ăn ba miêng, ngôi ca hi xỉa răng chắp chắp, uông nước ăn trầu hút thuốc. Mà chứng kẻ hút, hễ ăn vô rồi nó (9) đòi hút cấp bảo, nên đi lại cũng phải sang qua giường hút mà làm thuốc mà hút cho đủ lệ thì mới đã cho. Hút rồi nằm sãi tay (10) sãi chơn đó, lim dim ngủ muỗi ngủ mỏng (11) một chặp, rồi thức dậy lại lo tiềm lo làm thuốc nữa. Lục thục (12) như vậy, trời đã xế chiều đi rồi ;

(1) Húr, aspirer, humer, est le mot propre, mais on dit plutôt ĂN, et, plus poliment, xơi.

(2) XÉT CHO KĨ MÀ COI, à regarder de près, si l'on étudie la question attentivement. Nào, voyons! eh bien! THẤY HẠI THÌ CÓ MÀ THÔI, on constate quil ny a que du dommage, des inconvenients. (3) TRƯỚC HẾT, en premier lieu. TÀI GÌ... il serait bien difficile qu'il en fût autrement.

(4) NGÔI SỤ SỤ, rester assis tête baissée. comme alourdi encore par le sommeil. Kì Ra frotter et laver.

(5) THUỐC VẦN, tabac roulé (en cigarettes), cigarettes. ĐI NGOÀI, sortir (pour satisfaire un besoin naturel). HÚP sơ, humer à la hâte, par manière d'acquit.

(6) Móc, crochet, cạo, gratter; NHỰA, résidu. SỘT SỘT et LỐC CỐC, sont des onomatopées. Sắp TIÊM LẠI, se préparer de nouveau à cuire l'opium. TIM DEN, la mêche de la lampe. TIM signifie cœur. Au Tonkin, on dit BÚT ĐÈN.

(7) LẪN QUẦN, tournailler, s'attarder, flâner, muser; voir note 1, page cxX; LÚC CHÚC, tâtillonner,

lambiner.

(8) TRẺ, le garçon, le domestique. NGỔI CÀ KÌ, rester assis par désœuvrement; au Tonkin, on dit NGÓI KỂ CÀ.

(9) Nó, pronom vague, quasi impersonnel; désigne plutôt la sensation, le malaise ou l'envie qu'éprouverait le fumeur, après le repas. CẤP BÁO, vivement, d'une manière pressante; de 3, courrier pressé, communication urgente. ĐI LẠI CŨNG PHẢI... il a beau se promener de long en large, il se voit tout de même obligé... ĐỦ LÊ, satisfaire à l'habitude prise; MỚI ĐÃ CHO, alors seulement, il se sent soulagé.

(10) SAI TAY, étendre les bras, s'étirer; LIM DIM, les yeux à demi-fermés, somnolence.

(11) NGỦ MUỖI NGỦ MÒNG, dormir d’un sommeil agité.

(12) Lục thục, lanterner, de, successivement, a à peu près le sens de LÚC THÚC,; au Tonkin, LỤC SỤC; on peut traduire aussi par cela dure... XÊ CHIỂU, pencher et décliner. LẬT BẬT, brusquement, tout d'un coup, sans qu'on y pense; inusité au Tonkin, dans ce sens.

lật bật tới bữa cơm tôi. Ăn rồi cũng như hồi sớm mai (1) phải vô mà hút nữa, mà lần nảy lại cảng lâu cảng kẻ nhè hơn nữa : nằm đó với đèn leo lét (2), trở qua trở lại, nằm bên này lâu mỗi lại nhảy qua bên kia. Thức mãi, thỉnh thoảng một khi một điều ; có kẻ ngày đêm lẫn quẩn đó, không lên giường mà ngủ bao giờ: thức hút rồi ngủ mơ màng, một lát hút một lát ngủ, một đêm đến sáng chẳng nghĩ tới vợ (3) tới con, không lo đèn việc nhà việc cửa, dường như không có lo cho ai hết, có một minh mình mà thôi. Vợ mặc vợ (4), con mặc con, việc nhà việc cửa không phải chi đến minh mà lo. Làm trai mà vợ con nhà cửa không nhờ được sự gì thì chẳng dáng mặt làm trai (5), mà vợ con tôi tớ còn phải lo cho hết mọi sự nữa, thi có chồng có cha có chủ mà làm gi?

Không mây khi chuyện vãn (6) nói hơn nói thiệt tính toán việc nhà việc cửa với vợ. Đêm như ngày ngày như đêm, không hể lai vãng truyện trò gì hết, dường như không có vợ con vậy, có một khi có chuyện cần (7), thì mới kêu mới gọi mà biểu mà khiên một hai lời vậy thôi. Khi giàu có hay là đủ ăn, chẳng nói gì (8), mà khi nghèo khó thiêu trước thiếu sau thì lại càng bất nhơn với vợ con hơn nữa. Vợ con đói no, cũng không hay không biết; có lo thi là lo cho minh có năm bẫy tiên một quan mà mua một hai chỉ thuộc mà hút thi thôi : mắc những lo hút (9), không làm gì đặng cho ra tiền ra bạc mà chi độ thế nhi (10). Có bao nhiêu thi nhét vô (11) nổi vô ông, chun vò lỗ hẻm hết : ra như hình ăn tham, với vợ với con.

(1) HỒI SỚM MAI, est remplacé volontiers au Tonkin par BUỔI SÁNG, KHI SỚM MAI. KÈ NHÈ, insister, quémander, prolonger, sans discontinuité, indéfiniment.

(2) LEO LÉT, pâle, faible, blafarde, mourante en parlant de la lumière; inusité au Tonkin où il est remplacé par Lo mờ. Mơ MÀNG, rêver, révasser.

(3) CHẲNG NGHĨ TỚi vợ, ne pas avoir cure de sa femme. DƯỜNG NHƯ KHÔNG CÓ LO, comme si on n'avait pas à s'occuper; comme si l'on n'avait pas le devoir de penser.

4) Vợ MẠC vợ, sa femme, on la laisse (s’arranger) ; KHÔNG PHẢI CHI ĐỀN MÌNH, ne vous être de rien, ou il ne vous appartient en rien de.

(5) CHẲNG ĐÁNG MẶT LÀM TRAI, mot à mot on n'est pas digne du rile, du nom d'homme. CÒN PHẢI Ở l'encontre ou, bien pius, ils doivent, MÀ LÀM GÌ, à quoi (cela) sert-il!

(6) CHUYỆN VAN,, confidences; THAN VAN, épancements, doléances, ce qui suppose plus d'intimité. VAN, désigne une sorte de complainte. Nói HƠN NÓI THIỆT, dire ce qui vaut mieux, dire ce qui vaut moins, c'est-à-dire faire voir les bons, et les mauvais côtés d'une chose, discuter, s'entretenir des intérêts de la maison. KHÔNG HỀ, jamais. LAI VANG,, aller et venir, fréquenter. TRUYỆN TRÒ ou TRO TRUYỆN, causer, causeries, entretiens intimes, familiers, propos joyeux et variés.

(7) CHUYỆN CẨN, chose importante et pressante ; au Tonkin, on dit plutôt CHUYỆN KÍP OU VIỆC KHAN (8) CHẲNG NÓI GÌ, il ny a rien a dire, rien a redire. THIỀU TRƯỚC THIỀU SAU, gine de tous les instants, gene continuelle. BAT NHƠN, RE, inhumain, dur, sans cœur, impitoyable. Có LO, le seul souci qu'il a. Cuì, dixième partie du taël; Tonkin, ĐỒNG.

(9) MẮC NHỮNG LO HÚT, possédé exclusivement par la préoccupation de fumer. ĐẠNG CHO RA TIẾN, pour produire, gagner de l'argent.

Có kẻ bị ghiền (1) mà nghèo, nên ăn thuốc thật thường (2), khi có khi không; khi phải táo nhựa nhứt nhựa nhì mà hút, khi lại không kịp hút phải và viên nhựa ba nhựa bảy mà nuôt (3). Bởi hút đã lâu lại bởi thật thường, lại bởi hoặc hút hoặc nuốt nhựa, cho nên càng ngày cảng ra ôm o gầy mòn ; đi ra gió thổi muôn ngã, ngồi đâu ngồi bị sị (4), môi dợt lơ dớt lớt, nước ra mét chẳng mét ưởng, con mắt lim dim, nửa nhằm nửa mở; hình thì coi chẳng ra con người, nói thì nhựa đeo (5) kéo chẳng ra.

Ây là hại xác ; nó lại còn hại trí nữa. Hút thì mắc lo hút mãi, nên bỏ học bỏ hành (6), bỏ coi sách coi vở: nên nghe thấy càng ngày càng hẹp, trí sắc sảo cảng ngày càng lút.

Hút nha phiên chàng phải là tôi mà lại xâu; vì nó làm cho hư danh xâu (7) tiếng mình đi. Có ai mà kêu là ông hút? Thường, kêu mà vị thì là lão, bợm, thẳng cha hút.... không thì thẳng hút, quân hút...

Nó lại sinh ra cái tật ghiền, nghĩa là làm lây (8) nó thì mang tật gỡ không ra, cảng ngày càng bó buộc thêm hoài; muốn bỏ đi mà không có đặng, đến buổi thì phải cho có; không thi nó bắt đổ mồ hôi, nó bắt ngáp dài ngáp vẫn ; minh thì dã dượi (9) chơn tay bủn rủn, con mắt lim dim gục lên gục xuống: có hút vô thì nó mới chững lại. Ây nó

(10) CHỈ Độ THÊ NHI, ✯, subvenir à l'entretien de sa femme et de ses enfants. Cette expression toute chinoise est passée dans la langue vulgaire.

(11) NHÉT vô, fourrer, introduire dans. Not, fourneau de la pipe; s'appelle Lo, au Tonkin: ÔNG, la pipe elle-même ou le tube de bambou est désignée sous le nom de XE. CHUN, fourrer; Tonk., CHUI. Lồ HEM, petite ouverture, pertuis étroit. RA NHƯ HÌNH, on devient semblable à, on agit comme.

(1) BỊ GHIẾN, être l'esclave d'un besoin; se dit pour l'opium, l'alcool, le thé, le bétel, etc. Tonk., NGHIÊN, NGHIỆN.

(2) THẤT THƯỜNG,

A

NHỨT NHỰA NHÌ, mot à mot résidu d'opium fumé une fois (ou même) fumé deux fois. (3) Nuôт, avaler; MUÔN, indique la possibilité, l'apparence et non la volonté.

(4) Bi s, triste mine, air sombre, refrogné, morose, bourrù. MÔI DỢT Lơ, lèvres pâles, blêmes, exsangues, comme déteintes ; NƯỚC DA, teint. MÉT CHẲNG MÉT ƯỞNG ; Tonh.,, XANH MÉT, TÁI MÉT

(5) NHỰA ĐEO, coller, adhérer comme de la gomme, de la colle; KÉO CHANG, tirer et entraver; difficulté de s'exprimer.

sans règle, irrégulièrement; Táo, se procurer à grand'peine NHỰA

(6) Bo нос BỎ HÀNH, abandonner l'étude; HỌC HÀNH, est une expression double ayant le sens de HỌC simplement. NGHE THAY, les connaissances. TRÍ SAC SAO, l'esprit vif; LUT, émoussé, s'émousser.

(7) HU DANH,, mot à mot réputation nulle, anéantie; on peut expliquer aussi par perdu quant à la réputation; XẦU TIÊNG, mauvais renom, mot à mot vil ou vilain quant au renom; on a vu précédemment DANH TIÊNG. LÀM CHO..., attirer la déconsidération.

(8) LÂM LẦY, tomber dans, être au pouvoir de; Tonk., LÂM ĐỀN. MANG TẬT, contracter une infirmité ou en être atteint. BÓ BUỘC, lier en faisceaux et attacher, garrotter; astreindre.

(9) DA DƯỢI, RÃ RỜI, malaise, faiblesse ; BUN RUN, relâché, sans forces; GỤC, laisser tomber la tête sur la poitrine comme quand on sommeille, quelquefois en manière d'acquiescement. NÓ CHỮNG LẠI on se sent ragaillardi, dispos. Pour Nó, voir note 9, page CLXXXVII.

thành nên tật nên bệnh gọi là chứng ghiền, nó đòi, nó bắt quá hơn là nợ. Vậy thì là xấu lại thêm người la thây minh ghiền người ta chạy mặt (1) vì sợ mình lấy đây hay chây hay bòn, hay kiêm chác ; nhứt là khi mình nghèo không đủ ăn đủ hút thì người ta cảng nghi mình sinh bụng xẳng (2) gian giảo ăn cắp ăn kiêu. Có phải là xấu hay không ? So sự lợi hại tốt xấu, thì thấy cái lợi cái tôt bỏ vô cân (3) mà nhắc với cái hại cái xấu bởi dùng nha phiên mà ra, thì đấu lợi đầu tốt nhẹ là chừng nào ! Mà đâu hại đầu xấu nặng và vác là dường nào !

1

Hại là nó làm cho mất công mất linh lừ như lôi thôi, không toan tính cái chi phải nhịn miệng nhín (4) ăn nhín mặc, có khi hết của hêt cải, tán gia bại sản ; liệt bại, sức lực hao tổn yêu đuôi.

bỏ việc bỏ vàn không làm gì đặng; trí ra lụt đi, cho xong cho rồi ; vợ con phiền hả rầu rĩ cùng phải thiêu thôn, đói khát thật thường ; gia đạo minh vóc ôm o gầy mòn, tinh thần suy kém (5)

Xấu là một nó làm cho hư danh xấu tiếng; hai nó bắt mê (6) bắt ghiền thành tật thành chứng không bỏ được, không nhịn được (7); ba nó làm sỉ hổ là làm cho chúng đều chạy mặt không tin, lại nghi sợ nữa.

Có kẻ nói rằng : không hút thì không biết đảng tính toán buôn bán làm ăn. Nào có thấy tính chuyện chi giỏi hơn người ở đâu ? Cũng không nên sang nền giàu, ra thông minh trí huệ (8) hơn ai, mà lại càng ra lừ như lụt bớt đi nữa thì có.

(1) CHẠY MẶT, fuir la présence; Tonk., TRÁNH MẶT. LẤY ĐẨY, Tonk., LẤY LÀ, avec effronterie, acharnement. CHẦY, ne pas laisser perdre la moindre miette; BÒN, trier le sable, comme le laveur d'or; ces deux mots réunis signifient grappiller. Tonk., HAY BÒN HAY RÚT.

(2) XẰNG, XẴNG XỊT, agir a tort et à travers, malhonnête, indélicat ; GIAN GIÁO, escroquer. ĂN KIÊU, Touk., ÁN NẪY.

(3) Bỏ vô cân, mettre dans la balance; NHẮC déplacer, soulever pour peser. ĐẤU Lợi, le côté du profit, de l'avantage. Vác, trébucher, faire remonter l'extrémité du fléau à laquelle est suspendu l'autre poids.

(4) NHíN, restreindre les dépenses, se priver; au Tonkin NÍN ĂN NÍN MẶC. GIA ĐẠO, ĐỀ train de maison, ménage, fortune, ressources. TÁN GIA BAI SAN, ruiner sa famille, dissiper sa fortune.

(5) SUY KÉM, s'user et s'amoindrir, décliner, affaiblissement. LIỆT BAI, K, user et anéantir; sức LỰC, les forces, la vigueur. HAO TON, Et. consumer et dépenser, épuiser, user, dépérir.

(6) NÓ BẤT ME, cela vous rend passionné, cette passion s'empare de vos facultés. THÀNH TẬT, devenir un vice, une infirmité.

(7) KHÒNG NHỊN ĐƯỢC, ne pouvoir endurer la privation, ne pouvoir se passer de. Sì Hồ, objet de réprobation, montré au doigt.

(8) TRÍ HUỆ, AH H, esprit brillant, intelligence lucide ; Tonk., TRÍ TUỆ. LỪ NHÀ LỤT LÓT, terne, troublé et émoussé, affaibli. On dit aussi Lờ Đờ; au Tonkin, LỪ ĐỪ.


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ngủ mà thôi. Còn dưới sông mặt trăng giọi xuông làm cho nước giọng ra như tâm lụa vàng có thả kim sa. Xem các sự ây thì lòng lại thêm buồn, nên tôi muốn kiêm sự giải phiền (1) nơi khác; song (2) vừa giay mặt lại thì tôi thấy một thầy tu đứng gần bên tôi và ngó xuống nước một cách rất (3) buồn bực lắm.

Muôn làm quen cho có bạn vì dưới tàu lạ mặt hết, tôi mới hỏi thấy ây rằng : « thấy đi xuông Bà rịa hay là đi Vũng tàu ? » Thấy ây ngó tôi một chặp rồi mới nói rằng : » « thầy hỏi tôi đi đâu làm chi? » Khi nghe tiêng thầy (4) nói một cách rất buồn bậc thảm não (5) lắm, thì tôi ngó mà coi thấy ây cho tỏ tường ; may đâu lúc đó trăng lại tỏ hơn, nên tôi đặng xem thấy ây rõ rằng. Thầy chừng ba mươi tám ba mươi chín tuổi, thập người (6); giọng nói đạo thương; mặt mũi thì xanh xao mét ưởng (7), minh thì ôm o gầy mòn (8) lại cái áo dòng (9 người mặc nó bay pháp phơ hai bên, làm cho thấy ây giống như hình con bổ nhìn, để nơi đồng ruộng mà đuổi chim. Tôi mới trả lời rằng : thưa bởi vì tôi biết cha sở (10) Bà rịa lám, nên tôi tưởng nêu thầy đi Bà rịa thì làm sao nay mai (11) tôi cũng gặp thầy, Thầy ây mới trả lời rằng : « tôi không đi Bà rịa, tôi đi dưỡng bịnh (12) tại Vũng tàu vì có bịnh tức đã hai năm nay ; song tôi tưởng đi cũng vô ích (13),

(1) GIẢI PHIÊN,, dissiper la tristesse, la mélancolie; divertissement, distraction; on dit encore GIAI BUÔN. Voir note 12, page 1, et note 12, page XXIV.

(2) SONG, mais; usité au Tonkin. On dit encore SONG LE, en Cochinchine. GIAY MẶT, tourner le visage, les regards, se tourner. Au Tonkin on dit NGÀNH, NGOANH, NGUỈNH MẶT, QUAY MẠT, etc., mais non GIAY. (3) RAT, extrêmement ; ce mot se place toujours devant l'adjectif qui est souvent suivi de LẮM. MỘT CHAP, un instant.

(4) THAY, Pour THAY AY, cette contraction est particulière à la Cochinchine. Voir Leçons préliminaires. (5) THẨM NÃO,, affligeant et pénible. NGÓ MÀ COI, est remplacé au Tonkin par TRÔNG MÀ COI, MÀ XEM. MAY ĐÂU, mot à mot, d'où venait cette chance? Par bonheur, la chance voulut que

(6) THẤP NGƯỜI, de petite taille ; on dit, de la même façon, TỐT NGƯỜI, NHỎ CON. ĐAO THƯƠNG, semble être une corruption de DAU THƯƠNG, Souffrir, ressentir de la douleur, de la pitié, de la compassion. Cette expression signifie tantôt aimable et est alors synonyme de DỄ THƯƠNG, aimable; tantôt navrant, qui fait pitié ; c'est ce dernier sens qui convient plutôt ici.

(7) XANH XAO MÉT ƯƠNG, livide, blafard et pâle. Au Tonkin on dit XANH XAO TÁI MÉT.

(8) ÔM O GẨY MÒN. Ôm o, faible, débilité; GAY, maigre; MÒN, émacié, aminci, usé. Au Tonkin ôm O est remplace par ỐM ĐAU, ỐM YẾU, ÔM so, etc...

(9) Áo DÒNG, soutane, froc. DÒNG, ordre religieux ; NHÀ DÒNG, couvent ; THÀY DÒNG, un frère. PHẤP PHO, agité par le vent. BỔ NHÌN pour BÙ NHÌN, OU BÙ DIN, formes tonkinoises; mannequin, épouvantail. (10) So, f, endroit, siège d'un service; chrétienté. Plus loin, LÂM, bien, se rapporte à BIẾT.

(11) LÀM SAO NAY MAI, de toutes façons soit aujourd'hui soit demain.

(12) Dưỡng BỊNH,, soigner une maladie, se soigner. DUONG signifie proprement nourrir, élever, prendre soin de. BINH TỨC, maladie de poitrine, qui fait cracher le sang et proviendrait de la fatigue. Elle serait différente de la phthisie BỆNH LAO.

(13) CŨNG VÔ ÍCH, c'est également inutile. Vô ich est le chinois Camparer avec vô CÙNG, sans fin, illimité; vô PHÚC, malheureux, etc.

無窮


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thì thấy phải sông mà đến tội ây ; nếu thấy không có tội, mà thấy phải chịu phiên về sự gì, thì cũng xin thấy phải sống mà chịu cho đèn cùng; hầu ngày sau sẽ đặng phản thưởng trọng hơn ». « Ôi thôi! thầy dừng an ủi (1) tôi làm chi? Tội tôi đã lớn lắm, và sự cực tôi đã chịu thì đã gần quá sức tôi rồi. Thấy ôi ! đã mười năm nay, tôi như thể không còn trái tim (2) nửa, trái tim tôi như thể đã biên hóa ra tro bụi rồi; tôi như thể mất trí khôn vậy. Chớ chi (3) thuở trước tôi đừng có... Ôi thôi! nói đến chừng nào càng đau đớn lòng chừng này; bây giờ có một sự chết làm cho tôi quên người đó mà thôi. Tôi có ý đi tu cho đặng trông cậy có lẽ đọc kinh cầu nguyện (4) thi sẽ quên người tôi đã đam hết lòng hết trí mà thương ; song vô ích, thầy ! sự tôi chịu cực mười năm nay thì đã đủ mà đền tội tôi rồi, bây giờ tôi đặng chết bằng an ».

Tôi nghe và thấy sự đau đớn như vậy thì tôi làm thinh (5) mà để thấy ây khóc; khi ây mới nghỉ trong minh rằng: có lẽ nào dưới thế gian nẩy mà có sự gì dữ tợn cho đèn đổi làm cho người ta chịu cực đến mười năm mà chẳng nguôi ! mà thật khi ấy tôi đang còn có phước, còn đang lúc sung túc (6), là vì mới có vợ đặng ít tháng, còn chí thiết thương nhau nên tôi không hiểu người ta chịu cục làm sao đặng? Tôi mới tưởng thầy tu ây đau đớn bịnh hoạn (7) nên lảng trí mà nói vậy chăng ? Muốn cho hẳn (8), tôi mới ngó mà xem thấy cho rõ ràng đặng coi có làm sự gi tỏ ra như người điên chăng. Tôi vừa ngỏ một chặp, thì tôi thấy thầy ngâc mặt lên xem trời mà thở ra rằng : « a chúa tôi ! rất lòng lành vô cùng, xin Chúa cho tôi về (9) gặp mặt bạn tôi cho chóng, dẫu mà tội nó thể nào thì tôi cũng quên, bởi vì có lời Chúa đã phán : « Tạo tha lỗi cho bay, như bay tha kẻ có lỗi cùng bay. » Tôi thấy vậy mới nói rằng :

« điên !

(1) AN OI,, tranquilliser et rassurer, consoler.

(2) TRÁI TIM, le cœur (l'organe). Au Tonkin, on dit QUA TIM. TIM n'est autre que le chinois TAM, TRO BỤI, cendre et poussière.

(3) CHỚ CHI, plut au ciel que ! Ah si... ! Plus loin CHỪNG NÀO... CHỦNG NÀY, plus... plus.

(4) ĐỌC KINH CẨU NGUYỆN,, réciter le bréviaire, les oraisons et prier ou faire des vœux. DAM HET LÒNG... MÀ THƯƠNG, aimer de toutes les forces de son cœur.

(5) LÀM THINH, garder le silence. DỮ TỢN, atroce, horrible. CHẲNG NGUỒI, ne pas se calmer ou s'apaiser.

(6) SUNG TÚC, LE, abondance et plenitude. CHI THIẾT THƯƠNG, đó là amour extrême,

amour très vif.

(7) BỊNH HOẠN,, maladie, chagrin, malheur. LANG TRÍ, avoir l'esprit affaibli, divaguer; quelquefois distraction, préoccupation qui détourne l'esprit, l'attention.

(8) MUÔN CHO HAN, voulant m'assurer, pour m'assurer. To RA, déceler, trahir. NGAC MẶT LÊN, ou NGUONG, relever la tête.

(9) VỀ, retourner. Dans les idées chrétiennes, la mort est le retour de l'âme à Dieu. PHÁN, I, décider, trancher, parler; se dit de Dieu, du roi, d'un fonctionnaire.


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nhà thờ Tử đạo (1), vì nơi ây có ông bà tôi nằm đó ; khi tôi ra khỏi nhà thờ thì tôi thây có một cái mỏ, gần một bên có cây thánh giá (2), để chữ mà mưa đã làm lu hết, còn sót bôn chữ : ngày 27 tháng giêng 188% mà thôi ; tôi hỏi cha rằng : « mô ây là mồ ai ? » Cha sở trả lời rằng : « mồ nảy là mô thấy kia đã phạm tội trọng lắm, mà khi gần qua đời đã ăn năn tội cách vật trọn lành cho nên bây giờ ở tại nước thiên đảng (3) chẳng sai?, Tôi hỏi cha rằng: “ có phải là mổ thấy Phiên chăng? » Cha sở vừa ừ(4) thi tôi qui gối nơi mồ mả độc rằng : « chúng tôi cậy vì (5) danh Chúa nhơn từ cho linh hồn Lazarô đựng lên chôn nghỉ ngơi, hãng (6) xem thấy mặt Đức Chúa trời sáng láng vui vẽ vô cùng. »

(1) TỪ ĐẠO,, mort pour la religion, martyr. NĂM, être couché, dormir; euphémisme pour

mort.

(2) CÂY THÁNH GIÁ, la croix ; THÁNH GIÁ, HE, la Sainte-croix. Lu, efface, illisible.

(3) TẠI NƯỚC THIÊN ĐÀNG, dans le royaume du paradis. THIÊN ĐÀNG est le chinois A,

demeure du ciel.

(4) Ù, oui, d'un supérieur à un inférieur. Qui GoI, s'agenouiller.

(5) CẬY vi, espérer en, avoir confiance en; NHƠN TỪ,, humain et doux, miséricordieux. CHỒN NGHỈ NGƠI, séjour du repos.

(6) HANG,, constamment, toujours, à perpétuité. Vò CÙNG,, sans fin, perpétuellement.

Nous soussignés, habitants du châu de Tám xá, huyện de An lãng, province de Sơn tây, venons vous supplier, Monsieur le Résident supérieur, de vouloir bien examiner l'affaire suivante :

Notre village appartenant à la province de Sơn tây, nous avons une trop longue route à faire pour nous rendre au chef-lieu. Notre territoire touche par trois côtés au fleuve Rouge et par le quatrième confine au territoire du village de Tam bảo, huyện de Thọ xương, province de Hà nội. Quand il se présente une affaire de service urgente, et qu'il faut se rendre soit à Sơn tây, soit au poste de Vĩnh yên, le trajet est long et prend douze heures d'horloge, alors que pour aller à Hà nội, il n'en faudrait que deux.

Nous vous prions, Monsieur le Résident supérieur, de vouloir bien consulter le plan (annexé) et nous rattacher à la province de Hà nội; de la sorte tout ce qui touche au service pourra se faire avec la plus grande célérité.

C'est là une faveur dont nous vous serons infiniment reconnaissants.

Nous vous saluons respectueusement.

Le 1er jour du 12e mois de la 2e année de Dông khánh.

Excellence,

Je soussigné Hứa kinh Toản, du village de Pham xá, canton de Pham xá, huyện de Chí linh, phù de Nam sách, province de Hài durong, ai l'honneur de solliciter votre bienveillante attention en faveur de mon père, nommé Hữu đức Màn, afin qu'il échappe à un châtiment immérité.

Mon père est âgé de plus de soixante ans. Au cours d'une reconnaissance qu'elles dirigeaient, les autorités pénétrèrent dans mon village pour y opérer des perquisitions qui n'amenèrent la découverte d'aucun malfaiteur ni de rien de suspect. Les autorités s'étant ensuite transportées dans la campagne, elles y trouvèrent un sachet contenant douze cartouches; rentrant alors dans le village, elles firent arrêter mon père et

six notables, qui furent dirigés sur le chef-lieu de la province, où ils subissent une détention des plus dures, depuis plus de sept mois. Or mon père a toujours été un homme de mœurs paisibles. ne s'occupant que du travail de la terre, en sorte que j'ignore ce qui a motivé son arrestation.

Je viens donc me jeter à vos pieds, Excellence, et vous supplier d'ouvrir votre cœur à la miséricorde afin que vous fassiez la lumière sur cette affaire, en la même façon que le soleil, à son lever, dissipe les ténèbres et dispense la lumière à tous les êtres, et que vous rendiez la liberté à mon père qui est vraiment victime d'une grande injustice. Je vous salue respectueusement.

HỨA KÍNH TOÀN.

N 3. — LE CHÂU DE CAM LỘ

Dans la région montagneuse de l'Annam proprement dit, se trouve un pays appelé châu de Cam lộ. L'eau y est très malsaine et tout infestée de thuông luồng. Parmi les personnes qui, en buvant de cette eau, absorbent par mégarde le venin de ces reptiles, un grand nombre contractent une sorte d'hydropisie et d'ictère. Il existe toutefois un remède très efficace contre cette affection; c'est le lombric ou ver de terre, que l'on appelle encore con sùng. Quand on est atteint de cette maladie, on n'a qu'à boire une décoction de ce ver pour être guéri au bout de quinze jours. Le pays produit une variété de bambou tacheté qui est très beau et dont les racines adventices servent communément à faire soit des tuyaux de pipe, soit des éventails. Ces derniers objets sont très prisés, et valent jusqu'à une piastre ou deux la pièce.

Lorsqu'un mandarin s'est rendu coupable d'une faute grave, le roi l'envoie en exil dans cette région; beaucoup des fonctionnaires relégués ainsi, après un séjour de deux ou trois mois, tombent malades et meurent.

No 4.LE BUFFLE QUI VOLE.

Un paysan ayant acheté un buffle pour la somme de douze piastres le ramena chez lui; c'était une solide bête de labour. Une nuit notre homme vit en songe le buffle, auquel des ailes avaient poussé, prendre son vol et disparaître. A son réveil, le paysan, considérant ce rêve comme un mauvais présage, se dit en lui-même si je ne me défais pas de ce buffle, de toutes façons, je finirai par le perdre. Le lendemain matin, il le conduisit au marché et le donna à quelqu'un pour la somme de six piastres que, tout joyeux, il se hâta d'attacher à un bout de sa ceinture, puis il s'en retourna.

Arrivé à moitié chemin, il vit un oiseau énorme, qui, debout, était occupé à dévorer un rat mort. Il s'approcha pour mieux voir, mais l'oiseau, que n'effrayait pas la vue de l'homme, ne s'envola nullement. Le paysan s'en saisit et, à l'aide de sa ceinture, il lui lia les pattes et se remit en route. Lorsqu'il eut marché pendant un moment, l'oiseau se démena brusquement et donna sur la main du paysan un si violent coup de bec que la douleur lui fit làcher prise. Puis emportant avec lui la ceinture qui renfermait l'argent, l'oiseau s'enleva dans les airs et disparut.

De retour chez lui notre homme fit cette réflexion : « Ayant, dans un songe, vu s'envoler mon buffle, je m'en étais défait pour une somme de six piastres que je croyais bien tenir; et personne n'aurait pu prévoir, après cela, que cette somme dût se perdre ; c'est uniquement parce que j'ai voulu, par convoitise, m'emparer de cet oiseau, qu'il en est arrivé ainsi. »

No25. -DEMANDE DE GRACE

Je soussignée Nguyễn thị Năm, du village de Phượng võ, huyện de Thượng phúc, phủ de Thưởng tin, province de Hà nội, ai Thonneur de supplier Monsieur le Résident supérieur de vouloir bien examiner l'affaire suivante :

Mon mari, nommé Dinh văn Tinh, lors du passage d'une troupe qui opérait une reconnaissance, vint se mettre à la disposition des autorités et, je ne sais pour quelles raisons, il fut arrêté et emmené au chef-lieu de la province pour y être incarcéré. Aujourd'hui, j'apprends qu'il est condamné à dix ans de déportation à la Guyane. Or mon mari a toujours été un homme paisible; adonné uniquement à la culture pour gagner sa vie et restant au logis pour soigner sa mère àgée de plus de soixante-dix ans, il n'a jamais commis d'acte délictueux et, je puis l'affirmer, tout cela est à la connaissance du village entier.

Ainsi la condamnation prononcée contre lui constitue une injustice des plus cruelles. Je viens donc vous prier de vouloir bien étudier cette affaire, afin que mon mari soit arraché à une peine imméritée, ce dont je vous serai extrêmement reconnaissante.

Le 10e jour du 1er mois de la 2e année de Thành Thái.

NGUYỄN THỊ NAM a appose son index.

No 6. DEMANDE DE GRACE

Je soussigné Đặng xuân Mai, du village de Phú mỹ, canton de Phú mỹ, huyện de Phù cur, phủ de Khoái chàu, province de Hung yèn, ai l'honneur de venir me jeter à vos pieds en vous prit de vouloir bien examiner ma requête, afin que je ressente les effets de votre bonté infinie.

J'ai toujours mené parmi les habitants de ma commune une vie paisible et régulière, travaillant pour gagner ma vie sans jamais commettre le moindre acte malhonnête. Or des gens qui ne m'aiment pas m'ont calomnié en m'accusant de rebellion, en sorte que l'on m'a arrêté. Je suis donc victime de la plus grande injustice, car je n'ai vraiment pas commis pareil crime. Je vous prie de faire comparaître les gens de mon village et de les interroger. Si l'accusation est fondée, je me soumettrai de bonne grâce, sans vous importuner davantage par mes plaintes. Je vous prie d'examiner cette affaire à fond afin que grâce à vous je puisse éviter le malheur et le danger qui me menacent. Je vous salue dix mille fois.

Je soussignće Lý thị Hạnh, du village de Đại bồi, canton de Đại bôi, huyện de Sơn lãng, phù de Ứng hoà, province de Hà nội, viens me jeter à vos pieds en vous priant de vouloir bien prendre ma demande en considération, afin que je ressente les effets de votre bonté. Mon mari Lê văn Tòng, immatriculé sous le numéro 360, et en garnison au poste de La minh, châu de Hà côi, đạo de Hãi ninh, a eu la mauvaise chance de mourir de maladie le troisième jour du dixième mois de l'année dernière, nous laissant moi et mes enfants dans la plus profonde misère.

Je viens donc vous prier d'avoir pitié de moi et de vouloir bien m'accorder un secours pour me soustraire au dénument et à la misère.

Je vous salue dix mille fois.

LÝ THỊ HẠNH a ponctuẻ son index.

No 8.

REQUÊTE

Je soussign Tông phúc Vinh, du village de Vĩnh mộ, canton de Hoành bổ, huyện de Thanh miện, phủ de Bình giang, province de Hãi dương, ai Phonneur de venir me jeter à vos pieds et de solliciter de votre bienveillance la grâce suivante :

Autrefois, mon père, le nommé Tông phú Thịnh, avait disposé d'une part de rizière en faveur du village de Lâm kiểu, à titre de fondation pour le culte du génie tutélaire ; ce terrain a une contenance de sept mẫu, soit trois hectares et demie. En l'année Canh thin, deux mẫu et cinq sào furent ajoutés, comme on peut le voir sur le rôle. Ce terrain est borné à l'est par la propriété de Văn thái; à l'ouest par celle Văn thiệu; au sud, par un marécage et, au nord, par le territoire du village de Hoà thái. Au bout de quelques années, les notables enlevèrent le nom de mon père et inscrivirent le terrain comme propriété communale.


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Aujourd'hui je viens donc vous présenter une requête à l'effet de rentrer en possession de ce bien qui a appartenu à mon père. Je vous prie de vouloir bien donner une suite favorable à ma demande.

Je vous salue dix mille fois.

HISTOIRE DE L'HOMME QUI VA APPRENDRE LA MALICE

Au temps jadis vivait un bonhomme qui avait épousé une femme de son village; cette femme le voyant si simple et si borné, s'en retourna chez ses parents et ceux-ci formèrent le projet déloyal de lui donner un autre mari; malgré cela l'imbécile ne dit rien. Plus tard, des gens du village vinrent le prévenir et lui dirent : « Pourquoi es-tu sot à ce point? Voici que les parents de la femme l'ont ramenée chez eux pour la remarier et tu es assez niais pour ne rien dire ? - Je suis trop borné et trop ignorant ! >> leur répondit-il. Les gens lui dirent: « Va apprendre la malice». L'imbécile goûta ce conseil et partit. Comme il ne faisait que de gagner la campagne, il aperçut, pour commencer, une troupe d'enfants qui gardaient les buffles et qui se disaient : « Être assis à l'aise sur le gazon, cela vaut mieux que de reposer sur des nattes à fleurs ». L'imbécile, entendant ce propos, le répéta pour l'apprendre par cœur. Après qu'il eut parcouru un autre bout de chemin, il vit un homme qui attapait les rats et qui disait : « Tu as beau rentrer et sortir, si tu n'avises pas, tu es mort ». L'imbécile apprit également cette phrase de façon à la retenir. Puis ayant encore marché un moment, il aperçut deux hommes qui travaillaient à leurs rizières et qui se disaient: Les rizières hautes retiennent l'eau et les rizières basses sont à sec ». L'imbécile apprit de même cette phrase par cœur, et lorsqu'il eut encore marché un moment, il vit trois étudiants qui s'étaient rencontrés comme ils revenaient de l'examen et qui, après s'être arrêtés pour causer un instant, se disaient: « Je vous quitte, car demain, il faut que nous nous rendions au huyên de bonne heure ». L'imbécile retint aussi cette phrase.

Or, à ce moment là, la nuit approchait. Comme il avait passé tout le jour à aller apprendre la malice et qu'il avait réussi à retenir quatre formules, ce dont il était tout heureux, il regagna sa maison. Le lendemain, au jour, un homme du village vint le prévenir et lui dit : « Voici que tes beaux parents ont fixé ce jourd'hui même pour la célébration des noces de ta femme qui se remarie; pourquoi n'y vas-tu pas ? » L'imbécile se rendit à cet avis et partit immédiatement non sans se demander ce qu'il y allait faire; or, comme il se trouva qu'il avait l'estomac creux, il se rendit à la noce pour prendre part au festin.

A ce moment là deux familles des nouveaux mariés était en train de manger et de boire chez sa femme, en grande affluence. L'imbécile, dès son entrée, s'assit en pleine

cour et, se souvenant des phrases qu'il avait apprises la veille, il en récita une sur le champ : « Il vaut mieux être assis à l'aise sur le gazon que de reposer sur une natte à fleurs ». Les parents des mariés ne sachant ce qu'il voulait dire, allongèrent le cou pour regarder. L'imbécile les montrant du doigt, dit : « Vous qui montrez et rentrez la tête, si vous ne prenez garde, vous êtes morts ». Les parents des mariés, à ces paroles, furent saisis de crainte, et se concertèrent : « D'où vient que cet homme, qu'on disait stupide et ignorant, parle avec tant de bon sens ? Puis comme ils l'invitaient à entrer pour prendre part au festin, il se leva et entra Le croyant toujours niais, les parents lui firent servir un petit plateau et le firent asseoir et manger avec les domestiques. Il dit alors « Les rizières hautes retiennent l'eau et les rizières basses sont à sec ». Ce que voyant les beaux parents s'entendirent pour lui faire donner en toute hâte un autre plateau; le petit plateau fut ôté, un plus grand lui fut apporté, et on l'invita à prendre place avec les gens de marque. L'imbécile s'assit et mourant de faim, il éprouva le plus grand contentement à pouvoir manger et boire ainsi tout son soûl.

Quand il eut fini de manger, il se leva et comme il lui restait encore une formule, il la débita pour en finir, disant : « Cela suffit, je demande la permission de me retirer; car demain, je dois me rendre au huyên de grand matin ». Les parents des mariés entendant ces paroles furent remplis de crainte, car, pensaient-ils, il voulait dire par là qu'il s'en retournait pour aller ensuite se plaindre au huyện. Aussi se dirent-ils : « Les noces que nous célébrons aujoud'hui, nous ferions bien de les remettre, afin de voir ce qui se passera; car s'il va plaider, le mariage sera une affaire manquée ».

Or, la belle mère s'appelait La Grande, le beau père Le Mâle, la femme Femelle, et le nouveau gendre Le Gras; de plus ils avaient pour domestique un nommé Le Gros. Le beau père ordonna à Le Gros de se rendre à la maison de l'imbécile pour voir quelles dispositions il prenait. Arrivé près de la maison, le domestique resta dehors, posté au coin, le regard plongeant à l'intérieur. L'imbécile ayant pris un pantalon de soie blanche vint s'asseoir sur un lit de camp placé à l'extérieur, et se mit à faire la chasse aux poux. Le domestique qui l'observait pensa qu'il rédigeait une plainte et s'appliqua à écouter et à regarder. A ce moment, l'imbécile ayant attrapé un pou mâle, se mit à parler tout seul : « Voilà un mâle, qui est bien vieux! vieux ou non, nous l'y ferons tout de même passer le premier. « Le Gros, qui écoutait au dehors, crut que l'imbécile disait : « Le Mâle est vieux, mais vieux ou non, nous le ferons passer le premier (sur la plainte). » Or comme Le Mâle étant le non, même de son maître, le domestique fut pris d'une vraie peur. Ensuite, l'imbécile avant attrapé trois autres poux dit encore: « La grande, nous l'y ferons passer la deuxième; la femelle, y passera la troisième et le gras, quatrième. Le domestique, qui du dehors l'entendit dire qu'il ferait passer le nom de sa maîtresse le deuxième, celui de la fille, le troisième, et celui du gendre, le quatrième, sentit sa frayeur redoubler. Puis, l'imbécile cherchant et recherchant, réussit à attraper un dernier pou, énorme, et dit à nouveau : « Pour cet

affreux gros, nous l'y ferons passer le dernier. » Le Gros entendant articuler nettement son propre nom, se mit à l'implorer tout d'un coup, disant Je vous en prie! je vous en supplie mille et mille fois n'écrivez pas mon nom là dessus: Je ne suis qu'un domestique, et ne connais rien à ces affaires ! Le mariage dépend uniquement de mes maîtres ! » Limbécile, entendant ces supplications, ne se tint pas de rire et dit : «< Retourne-t'en et enjoins à tes maîtres de me rendre ma femme ; je ne pardonnerai qu'à cette condition ». Le domestique transi de peur accourut en toute hâte rapporter ces choses à son maître et dit : « Je vous en supplie, maître et maîtresse ; cessez de vouloir, par intérêt, remarier votre fille, sous peine des plus grands malheurs, dont je me ressentirais aussi. » Les deux époux lui demandant le pourquoi : « J'ai tout vu du commencement à la fin, dit-il, et rien ne m'a échappé. A peine de retour chez lui, il prit une feuille de papier et alla s'asseoir sur un lit placé au dehors, pour rédiger sa plainte. Je me tins coi pour observer ce qu'il faisait et je l'ai entendu dire, en proférant votre nom, maître : « Il est vieux mais il y passera tout de même le premier ». Puis, vinrent votre nom, maîtresse, celui de mademoiselle et celui du nouveau gendre; et alors je ne sais quelle fantaisie lui prit, au bout d'un moment, il ajouta : « Cet affreux Gros! nous l'y ferons passer le dernier ». Après que j'eus longtemps prié et supplié, il me dit : « Je te renvoie pour que tu informes tes maîtres que je pardonnerai si l'on me rend ma femme ». Je vous prie donc d'écouter mon avis; si non, il nous fera un procès et vous serez ruinés entièrement.

Ce récit effraya les deux époux qui s'empressèrent de rapporter l'argent et les cadeaux de noces aux parents du futur et, en même temps, leur racontèrent ce qui s'était passé. Puis ils reconduisirent leur fille chez l'imbécile et lui firent des excuses nonvenables. C'est ainsi que l'imbécile ayant touché juste tout en parlant à l'aventure, put conserver sa femme. Aussi y a-t-il ce dicton : le chien a attrapé une mouche en bâillant.

1. Ni la pauvreté ni la richesse ne persistent durant trois générations d'une même famille.

Quiconque mâche le bétel a les lèvres rouges.

En mangeant les fruits d'un arbre pensez à qui l'a planté.

Entourez d'une clôture l'arbre qui vous nourrit.

La taille vient en mangeant, la science en étudiant.

La main s'habitue au vol; les yeux, à la sieste.

Les parents qui habitent au loin ne valent pas les gens du voisinage. Une cuvette renversée est difficile à éclairer.

Excellence,

Je soussignée Đảo thị khỏi, du village de Cao bộ, canton de Đông dương, huyện de Thanh oai, phủ de Ứng hoả, province de Hà nội, ai Thonneur de venir me jeter a vos pieds, vous priant de vouloir bien examiner l'exposé des actes injustes dont mon mari, Đổ Đa, est victime de la part du chef de canton Nguyễn trung Bích et du maire Đồ cơ.

Ces individus, à la tête de leurs gens, ont pillé ma maison, ont arrêté mon mari et l'ont remis entre les mains du huyện, lequel l'a fait diriger, avec un rapport à la suite, sur le chef-lieu où il est détenu depuis l'année dernière. C'est là une injustice des plus criantes. Je me suis déjà plainte, à toutes les juridictions, des agissements dont ma famille a eu à souffrir de la part de ces gens là, et j'ai adressé cinq ou six réclamations pour protester contre ces violences non justifiées. Des ordres ont été donnés à quatre ou cinq reprises, en vue d'arrêter les délinquants, mais ils se sont toujours refusés à comparaître pour répondre contradictoirement. Je suis donc vraiment malheureuse.

Or, à l'heure actuelle mon mari est tombé si gravement malade de chagrin, qu'il se trouve entre la vie et la mort. Ne sachant où pouvoir en appeler, je n'ai d'autre ressource que de venir vous supplier afin que, daignant jeter un regard miséricordieux sur mon mari, vous le soustrayez à une mort imméritée.

Je vous salue dix mille fois.

ĐÀO THỊ KHÔI a appose son index.

No 12. LA CUISSON DE LA MARMITE DE MILLET

Il y avait un homme qui ne voulait rien faire pour gagner sa vie. Désirant uniquement être fonctionnaire, il se présentait tantôt à un bureau, tantôt à l'autre pour demander une place de huyện ou de phù, et, comme il n'obtenait pas le moindre emploi, il était au désespoir.

Ayant appris qu'un Taoïste, retiré dans un temple, était parvenu à la possession parfaite de la doctrine (du maître) et avait le talent de connaître la destinée, notre chercheur d'emploi se mit en quête et à force d'informations finit par trouver ledit temple. Il entra et dit au Taoïste: « Je vous en prie, maître, si vous possédez une recette qui me fasse obtenir un haut emploi, vous comblerez mes désirs ». A ce moment là, le Taoïste était assis, occupé à faire cuire une marmite de millet. Se voyant interpellé ainsi, il répondit : « Tranquillisez-vous; étendez-vous là pour vous reposer jusqu'à ce que j'aie fini de faire cuire cette marmite de millet, et, après, je vous donnerai unc consultation »; et le Taoïste continua sa cuisine. Cet homme, docile au conseil du Taoïste, s'étant couché pour prendre du repos, s'assoupit et eut un songe.

Spontanément, le roi le mandait par décret et lui conférait une charge avec le rang d'Excellence. Lui, après s'être prosterné aux pieds du souverain pour lui rendre grâces, sortit à reculons et, arrivé à la porte méridionale du palais, il y trouva, avec palanquin et parasols, une escorte de soldats qui était venue au devant de lui et qui le reconduisit en pompe jusqu'à un hotel des plus jolis et de plus belle apparence que celui d'un Gouverneur. Quelques jours après, le roi lui accorda de plus sa fille en mariage. Il resta insi en charge pendant plus de trente ans, entouré d'un éclat incomparable.

Soudain, il tressaille, s'éveille et... il n'y avait rien de tout cela. C'était un songe qu'il avait eu pendant que le Taoïste assis faisait cuire son millet, qui n'était pas encore à point. Quand le Taoïste vit notre homme éveillé, il lui dit en riant: « Et bien ! Êtes-vous content? C'est que, voyez-vous, l'ami, vous ne savez pas raisonner; car les richesses et les honneurs ne sont ni plús ni moins qu'un songe; c'est ce qui fait que je me suis retiré du monde ». Ces réflexions du Taoïste ayant fait comprendre à notre homme qu'il avait été mystifié par le moyen d'un charme, il s'esquiva, honteux et confus. Depuis lors, il cessa de songer à un emploi.

Ce récit nous montre que l'homme, sur cette terre, jouit de la gloire, des richesses et des honneurs pendant moins de temps qu'il n'en faut pour cuire une marmite de millet. Aussi le roi Tự dire, quelque temps avant sa mort, composa-t-il ces vers : « Sage ou sot, chacun aboutit à trois pouces de terre; richesses et grandeurs durent le temps de cuire une marmite de millet ».

No 13. LA FEMME QUI BAT LES BRIGANDS

Dans la province de Thanh hóa vivait un homme riche qui avait une concubine fort jolie. Ce que voyant, la femme légitime conçut une jalousie effrénée, accablant tantôt de coups, tantôt d'injures, la concubine qui supportait tout sans broncher.

Une nuit, les brigands vinrent pour piller la maison. Tandis que le mari et sa femme, pris d'une frayeur qui leur ôtait l'usage de leurs sens, restaient cachés dans un coin, retenant leur haleine et n'osant bouger, la concubine, empoignant un gourdin, ouvrit la porte et tomba sur les brigands qui s'enfuirent en déroute, jusqu'au dernier. Quand ils eurent disparu, la femme se mit à dire : « Quel talent avez-vous donc, amie, pour avoir réussi à mettre ainsi les brigands en fuite? - Mon père, répondit la concubine, est professeur d'escrime; au temps où j'étais encore à la maison, il m'enseigna toutes les branches de cet art; c'est ce qui fait que j'en sais quelque chose et que j'ai pu battre les brigands ».

A partir de ce moment, les gens du village la louèrent pour son talent. Certains lui ayant dit « Avec cette connaissance que vous avez de l'escrime, comment se fait-il que quand la femme légitime vous bat, vous ne vous avisiez pas de riposter?» Elle


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répondit: « En ma qualité de subalterne, je n'aurais jamais l'audace de frapper celle qui est ma supérieure ». Ces paroles furent rapportées par les gens du village aux oreilles de la femme légitime, qui, dès lors, conçut de la tendresse pour la concubine et cessa de l'injurier et de la frapper comme elle le faisait auparavant.

Si nous considérons que cette personne avec l'adresse et la vigueur dont elle était douée ne laissait pas de se montrer soumise et résignée à ce point, combien ne devons-nous pas l'admirer!

No 14. -HISTOIRE DU CON NAM DU PETIT LAC

A l'intérieur de la ville de Hà nội se trouve le lac de l'Epée restituée ou Petit lac, lequel, dans la partie qui touche au temple de la montagne de Jade et à la pagode du Gouverneur, renferme un gouffre très profond, où chaque année se noie quelqu'un. On dit que dans ce gouffre réside un con nam. Le con nam c'est une personne qui est morte, novée là et dont l'âme irritée, se transforme en un revenant qui s'appelle de ce nom. Ainsi quelqu'un meurt cette année et devient con nam; l'année d'après, il en cherche un autre pour le remplacer, et, dans ce cas, obtient de s'incarner soit dans le corps d'un homme, soit dans le corps d'un animal, en sorte que chaque année il y a toujours quelqu'un qui périt.

Il y a environ neuf ans une femme nommée Ba đê, qui demeurait près de cet endroit, étant descendue sur la plate-forme posée derrière la maison, afin de se laver les pieds, vit tout à coup comme un être humain ou un animal qui du fond de l'eau l'empoignait par le pied et l'entraînait en bas. La femme se cramponnant solidement à un des pilotis de la plate-forme, se mit à pousser de grands cris. Les gens de la maison, ainsi que ceux des alentours s'étant rués à son appel la hissèrent à eux et ils s'aperçurent qu'elle avait le pied tout enduit de matières visqueuses. A la suite de cet événement la femme vendit sa maison et s'en alla demeurer ailleurs, n'osant plus rester à cet endroit. Jusqu'à cette année, il y a encore eu des personnes victimes de cette fatalité.

J'ai pris des informations et l'on m'a dit que cette femme demeure actuellement rue du Pont-de-l'Est.

Dans une grande cité, autrefois, débarqua un petit gaieux, à l'aspect misérable et le corps entièrement couvert de gale. Dans le quartier où il s'était refugié, tout le monde l'appela le Petit galeux et le nom lui resta.

Au bout de quelques années, il se mit à porter de la viande chez les bourgeois pour gagner sa vie. Quand le surplus accumulé se monta à quelques dizaines de ligatures, il prêta à intérêt cet argent qui fructifia grandement. Il eut dès lors une mise plus décente, et on l'appela, pour cette raison, Martin galeux, son sobriquet étant devenu comme un nom de famille. Plus tard, il devint riche: on supprima le nom de galeux qu'on trouvait vilain, pour ne plus l'appeler que maître Martin. Puis ses richesses s'accrurent avec le temps; il eut des propriétés, des revenus; d'immenses rizières d'un seul tenant, où les aigrettes pouvaient voler à tire d'ailes; de vastes et hauts bâtiments; des sapèques par monceaux, des greniers pleins de riz.

Il ne tarda pas à prendre rang parmi les notables, et fut considéré mème à l'égal des puissants. Aussi l'appela-t-on messire Martin et tous les habitants le respectaient comme un baronet. C'est ce qui justifie le proverbe: « Le riche est considéré, le pauvre est méprisé (1) ».

M. GRICHARD, le Grondeur; ARISTE, frère de M. Grichard;

L'OLIVE, valet de M. Grichard.


(Pendant l'absence de M. Grichard, son valet, à la maison, avait fermé la porte, et quand M. Grichard revint, il lui fallut frapper longtemps avant que le valet vint lui ouvrir).

M. GRICHARD. — Bourreau! Me feras-tu toujours frapper deux heures à la porte?

L'OLIVE. Monsieur, je travaillais au jardin. Au premier coup de marteau, je me suis empressé d'accourir avec une telle vitesse que j'ai donné du pied contre le manche de la pioche et que je me suis fait grand mal en tombant.

M. GRICHARD. Je voudrais que tu te fusses rompu le cou, double chien! Que ne laisses-tu la porté ouverte au lieu de la fermer ?

L'OLIVE.Eh! Monsieur, vous me grondâtes hier à cause qu'elle l'était. Si je la laisse ouverte, vous me grondez; si je la ferme, vous gron lez aussi, en sorte que je ne sais comment faire pour vous contenter.

M. GRICHARD. Ah! tu ne sais comment faire pour me contenter?

ARISTE. Mon frère, si vous voulez bien...

M. GRICHARD. Je vous prie de me laisser faire. (A l'Olive) Tu ne sais comment faire pour me contenter, coquin!

(1) Cette anecdote tirée de l'Esprit de nos Aieux, par A. Lecoy de la Marche, a été légèrement altérée en raison des exigences de la traduction.

ARISTE. Eh! mon frère, laissez là ce valet et souffrez que je vous parle de ..

M. GRICHARD. — Monsieur mon frère, quand vous grondez vos valets, on vous les

laisse gronder en repos. ARISTE, se tournant pour parler au public. Il faut le laisser se calmer, après quoi

M. GRICHARD.

L'OLIVE.

porte ouverte ?

Ainsi tu ne sais comment me contenter, infâme?

Eh bien, Monsieur, quand vous serez sorti, voulez-vous que je laisse la

ARISTE. — Îl me semble après tout, mon frère, qu'il ne raisonne pas mal et l'on doit

être bien aise d'avoir un valet raisonnable comme lui.

Mais alors, Monsieur, que voulez-vous que...

M. GRICHARD. Et il me semble à moi, monsieur mon frère, que vous raisonnez fort mal. Oui, on doit être bien aise d'avoir un valet raisonnable, mais non pas un valet raisonneur.

L'OLIVE. — J'enrage de voir qu'on me donne tort alors que j'ai raison. . . Je. . M. GRICHARD. Te taitas-tu?

L'OLIVE. Monsieur, je me ferais tirer à quatre chevaux plutôt que de me taire. Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée; choisissez ; comment la voulez-vous ?

M. GRICHARD. Je te l'ai dit mille fois, coquin ! Je la veux..., je la... Mais voyezvous ce miraud là. Est-ce à un valet à me venir faire des questions? Si je te corrige une bonne fois, je te montrerai comment je la veux. (A Ariste) Vous riez, je pense, monsieur le Raisonneur ?

ARISTE. Moi! Point. Je sais que les valets sont des vauriens et ne font jamais ce qu'on leur dit.

M. GRICHARD. Vous m'avez pourtant donné ce coquin là !

ARISTE. Je ne pensais pas que les choses tourneraient ainsi !

M. GRICHARD.-Oh! je ne pensais pas... je ne pensais pas... Sichez, monsieur le rieur, que je ne pensais pas n'est pas le langage d'un homme bien sensé !

ARISTE. Eh! laissons cela, mon frère et permettez que je vous parle d'une affaire plus importante. . .

M. GRICHARD. Non, je veux vous faire voir comment je suis servi par ce pendard là, afin que vous ne veniez pas après me dire que je me fàche sans sujet. Vous allez voir; tenez L'Olive! as-tu balayé l'escalier ?

L'OLIVE, M. GRICHARD.

Oui, Monsieur, depuis le haut jusqu'en bas.

Et la cour?

L'OLIVE. Si vous y trouvez une ordure comme cela (et tout en parlant, il se baisse et ramasse une brindille) je veux perdre mes gages de toute l'année. M. GRICHARD. - Et l'âne, l'as-tu mené boire ?

L'OLIVE.- Oui, Monsieur, demandez-le aux gens du quartier qui m'ont vu le mener.

M. GRICHARD. Lui as-tu donné l'avoine?

L'OLIVE.

Monsieur, je la lui ai donnée en présence de Guillaume.

Oui, M. GRICHARD. Et les bouteilles de quinquina, les as-tu portées où je l'ai dit? L'OLIVE. Pardonnez-moi, Monsieur, et j'ai rapporté les vides.

M. GRICHARD. Et mes lettrés, les as-tu portées à la poste?

L'OLIVE. Je me garde toujours bien d'oublier.

M. GRICHARD,Je t'ai défendu cent fois de râcler ton maudit violon. Cependant,

je t'ai encore entendu ce matin !

L'Olive.

Ne vous souvient-il pas que vous le mites hier en mille pièces? M. GRICHARD. Je gagerais que les six charges de bois ne sont pas eneore... L'OLIVE. Elles sont logées, Monsieur. Depuis cela, j'ai aidé Guillaume à mettre dans le grenier une charretée de foin; j'ai nettoyé toutes les allées du jardin ; j'ai arrangé trois planches de fleurs et j'achevais l'autre quand vous avez frappé.

M. GRICHARD, à part. Oh! Il faut que je chasse ce coquin là. Jamais valet ne m'a fait enrager comme celui-ci. Il me fera mourir de chagrin. Hors d'ici ! L'OLIVE, à part. Que diable a-t-il mangé pour être enragé à ce point?

Cette scène est tirée d'une comédie intitulée en français Le Grondeur. Elle a été composée en cette langue par deux littérateurs. L'un deux, Brueys, qui était un ecclésiastique, craignant de voir se répandre le bruit qu'un homme de sa qualité faisait des comédies, s'entendit avec son ami Palaprat, qui travailla à celle pièce avec lui et se chargea de la faire jouer.

Brueys mourut en 1723; Palaprat était mort deux ans auparavant. Ils avaient travaillé ensemble durant leur vie; ils moururent en même temps, et le renom qu'ils se ont acquis tous deux a été transmis jusqu'à nous (1),

No 17. RAPPORT CONCERNANT UN FAIT DE PIRATERIE

Nguyễn, tuần phủ de Hưng yên, i Son Excellence le Kinh lược du Tonkin :

Voici la teneur du rapport que m'adresse le phù de Khoái châu: « Le 24 de ce mois,

<« c'est-à-dire le 7 du mois d'octobre, le Résident a donné l'ordre à un garde principal

« de se rendre, avec cinquante miliciens, au huyên de Dòng yên, pour opérer de concert

(1) Le texte original a été légèrement altéré en certains endroits, en raison des exigences de la traduction.

avec le phù. Par ordre de ce mandarin, cinq jonques furent réquisitionnées pour <«< conduire le détachement jusqu'au village de Thurợng cổ, du huyện de Ân thi. Aus« sitôt on découvrit une bande d'au moins dix pirates. Les nôtres leur donnèrent la <«< chasse et réussirent à leur prendre un fusil et une cartouchière. Arrivé au village de «Ha co, le garde principal débarqua pour prendre la route de terre et renvoya les jonques; celles-ci s'en retournèrent et parvenues sur le territoire du village de « Thượng cổ, rencontrèrent de nouveau les pirates qui les emmenèrent avec eux ». Telle est la teneur de ce rapport qui est l'expression de la vérité.

En même temps que je vous adresse ce rapport, j'en envoie également une copie à la Résidence et au ministère de la Guerre.

Tels sont les faits que j'ai l'honneur de porter à votre connaissance.

Le 30 du huitième mois de la deuxième année de Thành thái.

No 18. RAPPORT CONCERNANT DES FAITS DE PIRATERIE

M. Lệ, Tổng đốc de Hà nội et de Hưng yên, ả S. E. le kinh lược du Tonkin :

D'apris le rapport que m’adresse le mandarin Ngô xuân Định, Tri phủ de Ứng hỏa, les notables du village de Doàn xá, canton de Thái binh, récemment rattaché au territoire de ce phù, sont venus lui faire la déclaration suivante: «Vers la 2e veille de la nuit << du premier jour de ce mois, c'est-à-dire le 14 du mois d'octobre, une bande de << pirates, comptant au moins cent individus et venant du lieu dit Hậu làng, de ce village, qui est limitrophe des communes de Dang xá, par le haut, de Phù luru thượng, << par le bas, s'est dirigée sur Doàn xá, avec armes à feu et enseignes. Les notables, de <«concert avec le chef de leur canton, se sont portés avec leurs partisans à la rencontre << des assaillants, mais, accueillis par une fusillade des mieux nourries, ils prirent peur <«.

D'autre part, ce même mandarin a été informé par les notables de Phủ lưu thượng que vers la fin de la 2e veille de la nuit du premier jour de ce mois, une bande de plus de cent individus, armés de fusils et de sabres, et venant des rizières de Thọ vực, a envahi leur village et enlevé tout le bétail et les effets mobiliers.

Telle est la teneur de ce rapport. Les actes de piraterie étant de la plus grande importance, j'en ai déjà référé au Résident et j'ai prescrit au Tri phù d'exercer une surveillance active et d'envoyer aux renseignements. C'est pourquoi je vous adresse aussi le présent rapport.

Communiqué à M. le Résident supérieur, le 3 du 8e mois de la 2e année de Thành thái par les bureaux du Kinh lược.


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No 19. RÉCIT D'UN EMPOISONNEMENT

Rue du Riz, habitait une famille riche, ayant une fille unique, de dix-huit ans, fort jolie, et qui cherchait à se marier. De tous les prétendants qui l'avaient demandée, elle n'en avait accepté aucun.

Deux jeunes gens, compagnons d'études, l'un riche, l'autre pauvre, se fréquentaient amicalement, et étaient intimes comme deux frères. Le pauvre étant allé demander la jeune fille en mariage, celle-ci, faisant fi de lui à cause de sa pauvreté, refusa de l'épouser, et, dès lors, il en conçut un vif ressentiment. Quand le riche vint faire sa demande, elle consentit sur le champ à l'épouser et le jour des noces fut fixé. Aux approches de ce jour, le futur tomba malade; ce que voyant, le jeune homme pauvre prépara un paquet de poison et s'en vint rendre visite à son ami. A son arrivée, il vit le malade près de boire une potion; profitant de l'occasion, il jeta le poison dans la tasse qui renfermait le remède, et le malade avait à peine avalé qu'il tombait raide mort. Les gens de la maison examinant alors la tasse, y trouvèrent les restes du poison et, ayant garotté le criminel, ils l'emmenèrent pour le remettre entre les mains des magistrals.

No 20. JUGEMENT DU TRIBUNAL MIXTE

Le 22 décembre de l'année dernière, à neuf heures du matin, M. X..., résident de France i Nam định, M. Lê, lồng đốc et M. Nguyễn, án sát de cette province, se sont réunis à l'effet de juger le nommé Nguyễn văn Thông, accusé d'avoir fait des transports pour le compte du chef pirate dit Dội võ et de ses partisans.

Aux termes d'un rapport adressé le 28 du 8 mois de l'année dernière par le huyện de Vụ bản, nommé Ngô duy Qui, le 27 de ce mois, la nommée Thị xuân, du village de Nghĩa thôn, a déclarẻ qu’un partisan du Đội vì, le nommẻ Thông, du hameau de Thủy cơ, commune de Dông phù, huyên de My lộc, transportait un chargement de pierres sur le fleuve, pour les vendre. Le huyên s'étant entendu avec le chef du poste de Vu bàn, tout deux se rendirent sur les lieux et réussirent à arrêter cet individu à Mai thôn, huyên de My lộc. Ils le ramenèrent et, de concert, lui firent subir un interrogatoire.

Il déclara qu'il avait suivi le Bội võ et qu'il avait fait des transports pour le compte de ce chef. Le 5 du 8e mois de l'année dernière, les pirates ayant été incendier et piller le village de Hướng nghĩa et ayant attaqué le poste de Vụ bản, il avait pris part à ces deux affaires. Il avait vu distinctement les traits de quelques-uns des hommes de la bande et il en connaissait le nom. C'étaient le nommé Thiêu, de Lang xá, qui était armé d'un fusil, et qui est armurier; le nommé Mão, de Dông mat, qui servait de guide; le chef de canton du village de Phụ long, dont il ne connaissait pas le nom; mais cet

homme fournissait des vêtements aux pirates; le sous-chef de canton, du village de Vò hoạn, qui portait les messages; le nommé Cà Dai, du village de Dinh lè, qui était muni d'un fusil; le nommé Hoán, du village de Phong lộc, armé d'un fusil à capsules; les nommés Chuân et Tur, armés d'une pique et d'un poignard. Les villages de Pham thức et de Nghĩa lễ avaient fourni aux pirates environ quatre jonques de riz.

Le huyên était encore à la recherche des autres individus de la bande, mais il remettait le nommé Thông aux autorités provinciales pour être incarcéré et mis en jugement, Telle était la teneur du rapport du huyện.

Le maire du village de Dông phù, nommé Nguyen trure Diep et les notables Nguyền Toán, Nguyễn văn Hợi, interroges, firent la déposition écrite suivante: Nguyễn văn Thông, qui appartient au culte catholique, est un homme de mœurs paisibles dont l'unique occupation a toujours été la pêche. Le 3 du 8e mois de l'année dernière, comme il était à pêcher auprès de la digue de leur village, il vit une bande de pirates qui, après l'avoir saisi et garotté, emmenèrent sa barque; le 17 de ce même mois, il revint avec sa barque et trois jours après, on est venu l'arrêter.

Le nommé Thông, interrogé à nouveau, dit que le soir du 3 du 8e mois, il avait été enlevé par le Đội vò qui, le 4, l'avait obligé à le conduire avec sa barque, mais que jamais il n'a osé suivre le Đội vỏ.

Le tribunal mixte, considérant que d'après le rapport du huyên de Vụ bàn, le nommé Thông, arrêté à la suite d'une dénonciation et interrogé par le huyên et le chef du poste réunis, a avoué qu'il était, partisan du Dội vò et qu'il l'avait conduit avec sa barque pour aller piller, et que lors de l'incendie et du pillage du village de Hurong nghĩa et du combat livré au chef de poste, il se trouvait dans la bande; considérant que dans le second interrogatoire qu'il a subi par devant les autorités provinciales, il a répondu qu'il n'a suivi le Đội vò que parce que le Đội vò a usé de violence à son égard; attendu que les autorités communales déclarent également que c'est un homme de mœurs paisibles et que les pirates l'ayant pris et garotté et ayant emmené sa barque à la date du 3 du Se mois, il n'est revenu que le 17; pour ces raisons, le tribunal conclut que bien qu'il ait été enlevé par le Đội vò, il est néanmoins manifeste qu'il a consenti a suivre les pirates. Car s'il n'y avait pas eu consentement de sa part, pourquoi, dans l'intervalle du 3 au 17, ne s'est-il point enfui, et, plus tard, pourquoi n'est-il pas allé faire acte de soumission auprès des autorités, après son retour? Le nommé Thông est donc un partisan des rebelles et le condamner comme tel ne sera que justice.

En conséquence, le tribunal, conformément aux dispositions du nouvel arrêté, le condamne à trois ans d'exil à la Guyane, à l'expiration de laquelle peine il sera relâché, et ce, afin de servir d'exemple.

Le 2 janvier de la première année du roi Thành thái, le tribunal mixte a prononcé ce jugement.

No 21.

COMBAT LIVRÉ PAR UN INSPECTEUR AU CHEF PIRATE QUI.

Le 28 du mois dernier, des agents de la province de Hài dương, envoyés aux renseignements, rapportèrent à leur retour, que la bande de Quí s'était réfugiée dans les deux villages de Tan lurong et de Dào nhị. Le Résident donna sur le champ l'ordre à un inspecteur de partir avec des forces. Prenant un chemin de traverse, il arriva tout droit sur le lieu désigné. Là il disposa ses hommes de façon à cerner les villages sur trois faces, réservant ainsi un passage par où les pirates pussent opérer leur sortie, mais en ayant soin de poster un détachement en embuscade, pour tomber sur leurs derrières au moment où ils débusqueraient.

Les postes assignés et les forces ainsi réparties, on vit apparaître les premières lueurs de l'aurore. Les pirates sans défiance, persuadés que c'était comme à l'ordinaire, ne songeaient qu'à festoyer, s'amuser, boire, fumer et dormir. A quatre heures et demie, sur un commandement de l'inspecteur, des feux de salve furent dirigés sur les deux villages. Alors les pirates se lèvent, empoignent vivement leurs fusils et autres armes, et faisant le coup de feu tout en fuyant, débouchent par le passage qu'on leur avait ménagé. Une décharge générale des nôtres tue le chef Hlue, frère propre de Quí. A ce moment, le détachement caché en embuscade, accourant à la rescousse, se rua sur les pirates dont un grand nombre furent tués ou blessés. Vingt-cinq furent pris vivants, sept têtes restèrent entre nos mains, ainsi qu'un étendard de chef, un porte-voix, un cor, une épée de chevet, quatre révolvers, cinq fusils à répétition, dix fusils à tabatière, six fusils à culasse mobile, quatre piques, trois boucliers, une rondache, vingt cartouchières, un clairon européen et trente chapeaux de miliciens; le tout a été expédié au chef-lieu de la province. De notre côté, nous n'avons pas eu beaucoup de morts, mais il y a un certain nombre de blessés. L'un a le bras cassé, l'autre la cuisse. traversée par une balle, l'autre la jambe fracassée, l'autre la main tranchée d'un coup de sabre et enfin un autre a reçu une balle en pleine poitrine et n'a guère de chance d'en réchapper. Tous ont été conduits à l'hôpital pour y recevoir des soins.

Qui est un individu dangereux et cruel; assassin et pillard, il fait le malheur des populations et a commis tant de méfaits que le ciel ne peut lui faire grâce. Son frère tué aujourd'hui, c'est comme s'il avait déjà perdu la moitié de lui-même; quant à la moitié restante, la capture en est une simple question de temps.

No 22.

JUGEMENT DU TRIBUNAL INDIGÈNE

M. Phạm, Tổng đốc de Hà nội et de Ninh bình, adresse le présent rapport au sujet d'un jugement:

J'ai reçu une lettre par laquelle vous m'informiez qu'au cours d'une saisie opérée dans la maison Yên thành, on n'avait découvert aucune pièce de conviction, mais

seulement une feuille de papier à empaqueter l'opium, après un examen minutieux de laquelle on avait conclu que cette maison faisait la contrebande d'opium et, de plus, une tige de fer, sorte de levier servant à la fermeture d'un canon, ce qui prouvait évidemment que cette même maison faisait la contrebande d'armes; tels étaient les faits que vous me chargiez d'instruire soigneusement en me demandant de vous faire connaître la décision que j'aurais prise.

Interrogé, le chef de la maison Yên thành fit par écrit la déposition suivante: âgé de 42 ans et originaire de Canton, il est venu se fixer dans la rue de la rivière Tò lịch, à Hà nội, comme marchand de demi-gros, il y a vingt-quatre ans ; il a femme et enfants et possède des immeubles; il s'est fait inscrire sur le rôle de la commune des Minh hương composée de Cantonnais... Le 24 du mois dernier, on avait fait bouillir chez lui un mélange de sauge, de ginseng et de sophora pour composer un sirop; le 28, des agents français et annamites se transportèrent à son domicile pour y opérer des perquisitions et se saisirent de cette préparation qu'ils soumirent à une analyse; et il a été établi qu'il n'était pas fabricant d'opium. Puis, continuant leurs recherches, ils trouvèrent une malle renfermant de la rhubarbe et une cheville de fer; or cette malle appartient à la maison Nam xuong, de la rue de la Porte du Sud, qui avait chargé un Chinois de la rapporter de Chine et qui la lui avait confiée; d'ailleurs le chef de la maison Namxương a reconnu le fait; quant à lui, il ne s'est jamais avisé de receler des armes en de préparer de l'opium.

Telle est la déclaration du chef de la maison Yen-thành. Nam xuong cité et interrogé fait une déposition semblable. Le chef de la rue et les commerçants ont comparu et ont tous déclaré l'accusation non fondée, dans les mêmes termes que les deux maisons susdites. Ils ont, de plus, offert de signer une déclaration de prise en charge du prévenu, afin de le ramener dans sa famille et de le rendre à ses occupations.

Le tribunal considérant que le chef de la maison Yên thành, en acceptant la garde d'une malle que lui confiait un étranger, a négligé de l'examiner attentivement, en sorte qu'il s'est trouvé receler des objets prohibés, dans sa propre maison; que lors de la découverte de la tige de fer, il s'est contenté de répondre qu'il y avait méprise ou ignorance de sa part; attendu que, si ces objets ne lui appartiennent réellement pas, il a du moins négligé de se rendre compte de leur nature par ses propres yeux, et, de ce chef, s'est rendu coupable d'un délit punissable; faisant application au chef de la maison Yên thành en question, de la loi relative à la détention d'armes, objets prohibés par l'État, et portant que la possession de chaque arme détenue entraîne la peine de quatrevingts coups de bâton, condamne le délinquant à recevoir quatre-vingts coups de bâton. En ce qui concerne la préparation clandestine de l'opium. bien qu'on n'ait pas saisi de pièce établissant le flagrant délit, la découverte d'un papier étiqueté destiné à empaqueter l'opium, prouve qu'antérieurement ladite maison a dù se livrer à cette opération; en conséquence, faisant, à son endroit, application de la loi sur la fraude

aux termes de laquelle quiconque se livrant à un commerce fraudera le fisc et se soustraira à l'impôt, sera passible de cinquante coups de rotin, et la moitié de ses biens sera confisquée au profit du Trésor; le tribunal, pour ces raisons, et conformément à la loi précitée, condamne ledit chef de la maison Yên thành à recevoir cinquante coups de rotin, et, vu qu'il ne possède aucun effet mobilier, à payer une amende de mille piastres, dont le montant devra être versé aux bureaux de la douane et ce, pour servir d'exemple aux receleurs d'objets prohibés et aux fraudeurs.

En conséquence, je vous adresse copie du présent jugement pour que vous en preniez connaissance.

30e jour du 6 mois de la tre année de Kiên phúc.

No 23 DÉCLARATION AU SUJET D'UN VOL A MAIN ARMÉE

Je soussigne Ngô quí Huy, du village de Phượng khê, canton de Phượng khê, huyện de Thanh miện, phủ de Bình giang, province de Hải dương, viens vous prier de vouloir bien prescrire une enquête sur le fait suivant :

Le 5 du mois courant, vers la 3e veille, après minuit, au moment où tout le monde était endormi, une bande de brigands, venus par la route de Thôn hạ, au nombre de vingt-cinq environ, ont à un signal convenu fait irruption dans ma maison. A la tête de mes parents et de mes domestiques, j'engageai avec eux une lutte qui dura près d'une demi-heure; des hommes du quartier vinrent à notre rescousse; mais comme les brigands nous étaient supérieurs en nombre et qu'ils étaient munis de fusils et d'autres armes, il m'a été impossible, ne disposant que d'un petit nombre d'hommes sans armes et les mains vides, de leur tenir tête si bien qu'un de mes frères a reçu une blessure dont il est mort et que trois de mes domestiques ont été atteints par des balles. Après cela, les pillards ont incendié un corps de bâtiment, enlevé cinq buffles et trois bœufs et pris tout ce qu'il y avait chez moi.

En conséquences je suis venu soumettre ces faits à votre examen, vous priant de vouloir bien envoyer quelqu'un sur les lieux pour faire une enquête et verbaliser, afin que je puisse procéder à l'inhumation du mort et soigner les blessés.

Je vous salue dix mille fois.

Le 6 du 7 mois de la 2e année de Đông Khánh.


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grand'route; au nord par une rizière appartenant à l'acheteur; les limites indiquées correspondent absolument aux bornes. Eprouvant un besoin d'argent, nous vendons cette rizière, à titre définitif, à un homme de notre village, nommé Ngô quí Khoát, pour le prix courant de deux cent cinquante ligatures, somme qui a été versée le jour de l'établissement du présent acte. La transaction consommée, ladite rizière appartiendra à l'acquéreur. Cet immeuble est réellement ma propriété; s'il survenait quelque difficulté, je m'en chargerais et cela ne concernerait en rien l'acquéreur. A dater de l'établissement du présent acte, l'acquéreur prendra possession de ce terrain ; il pourra le cultiver et le transmettre à ses héritiers.

Conformément aux us et coutumes du pays, le présent acte a été établi pour faire foi. Le 2 du 8e mois de la 1re année de Thành thái.

Le genre rat comprend une grande variété de rongeurs, tels que le rat musqué, le rat d'égout, le rat de maison, la souris ordinaire, la souris blanche, le cobaye.

Quand une maison renferme beaucoup de rats, il faut élever des chats pour les attraper ou bien leur tendre des pièges. Veut-on tendre un piège, on n'en doit rien dire; car il y a justement lieu de craindre que ces animaux ne se laissent pas prendre à l'engin, s'ils se doutent de la chose. Certaines personnes, dans la crainte que les rats ne rongent leurs vêtements, n'osent leur adresser ni injures ni reproches et elles ont l'habitude de leur donner du riz cuit à manger, les appelant « Seigneurs Ti ». En ce qui concerne la campagne, lorsque vient l'époque de la moisson, tous les rats qui sont dans les maisons se répandent dans les champs pour dévorer le paddy et font la terreur des gens. Certains célèbrent la cérémonie dite de l'adieu, afin que les rats s'en aillent sans dévorer le paddy; mais il y en a aussi qui disposent des pièges pour les attraper.

Pour attraper les rats dans les champs, on s'y prend de cette façon y a t-il un trou à rat quelque part, on constate le nombre d'issues et on les bouche toutes à l'exception de deux ; à l'une, on brûle de la paille afin de chasser la fumée dans le trou, et, à celle qui reste, on place une nasse. Les rats qui sont dans leur trou, ne pouvant résister à la fumée, et n'ayant pas d'autre passage par où s'échapper, s'introduisent tous dans la nasse; puis on les emporte pour les manger.

Dans un hameau du village de Cổ quán, qui appartient au huyện de Thần khê, de la province de Thái bình, existe une institution curieuse vers le huitième ou le neu


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vième mois, les gens du village vont tous à la chasse aux rats; quant aux anciens, ils restent assis dans la maison commune pour recevoir les queues de rats. Tous les animaux que l'on a pris, on est tenu d'en présenter les queues aux anciens; celui qui en a capturé le plus, reçoit une prime d'une ligature deux tiển.

Le 17 du 6e mois de la 7e année de l'empereur Khang hi, à dix heures du soir, le pays de Tắc hà, en Chine, ressentit un tremblement de terre. À ce moment là, on entendit un grondement sourd, semblable au roulement du tonnerre et se propageant du sud-est au nord-ouest.

Un instant après, les tables et les chaises se renversèrent, les maisons s'inclinèrent et les pleurs des femmes et des enfants et les cris des animaux domestiques faisaient retentir les airs d'un vacarme épouvantable. Les montagnes s'éboulèrent; le niveau du fleuve s'éleva de plus d'une perche ; dans la plaine, le sol s'affaissa, formant une excavation d'une étendue de trois mau et d'une profondeur insondable.

Ce qu'il y eut de particulier, c'est que, hommes et femmes, garçons et filles, pris tous d'une terreur panique en sentant, en pleine nuit, la terre trembler, coururent dans la plus grande précipitation, se mettre à l'abri dans les champs, n'ayant pas eu le temps de se vêtir; aussi, quand ce fut passé et qu'ils regagnèrent leurs maisons, présentèrentils un spectacle des plus comiques.

No 33. LE POISSON QUI PARLE

Il y avait un vieux ménage de pêcheurs qui habitait sur le fleuve Dông mỗ, de la province de Thái nguyên: c'étaient des gens doux et simples, qui n'avaient jamais exercé d'autre métier que la pêche.

Un jour, vers la tombée de la nuit, le mari lança son épervier; quand il le releva, il sentit qu'il était très lourd; employant toutes ses forces, il réussit à l'amener et y trouva une énorme carpe, qu'il prit et jeta au fond de sa barque. « Je suis le fils du Roi des Eaux, lui dit alors le poisson; étant allé me promener, je me suis fourvoyé, et j'ai eu le malheur de me laisser capturer par vous; je vous prie de me rendre la liberté ; jamais je n'oublierai votre bienfait ». Le vieillard entendant un poisson parler ainsi, fut saisi d'une grande frayeur et s'empressa de rejeter dans la rivière la carpe qui, donnant un coup de queue, disparut. La nuit de ce même jour, le pêcheur vit un jeune homme richement vêtu et escorté d'une foule de satellites, qui lui apportait vingt barres d'or et cent barres d'agent et qui lui dit : « Je suis la carpe que vous aviez prise cette après

midi; permettez-moi de vous offrir ces présents pour vous remercier de votre bonne action ». Puis il leur fit cette recommandation: « Je vous prie, tous deux, d'user de ces richesses pour sustenter vos vieux jours, mais cessez de vous livrer à la pêche et de faire du mal à la gent aquatique ». Cela dit, fendant les flots, il descendit au palais du Roi des Eaux.

Les deux vieillards, une fois en possession de cet argent, achetèrent des plantations et des rizières ; ils se bâtirent une maison, firent du commerce et s'enrichirent; leur fortune s'accrut de jour en jour et il n'eurent plus envie d'exercer leur ancien métier de pêcheurs.

No 34. L'HOMME AUX DEUX PÈRES ET DEUX MÈRES

Dans le village de Đa ngưu, canton de Đa ngưu, huyện de Văn giang, phân phủ de Thuận thành, province de Bắc ninh, vivait un homme nommé Nguyện văn Luật, dont la femme vendait des cotonnades et, la mère, du papier doré; il avait un garçon, déjà àgé de trois ans. L'enfant étant tombé malade, vint à mourir et les deux époux le regrettèrent extrêmement; chaque année, quand arrivait la saison de Thanh minh où l'on va arranger les tombes, ils se rendaient au tombeau qui recouvrait les restes de leur enfant et faisaient cette prière : « O mon fils! si tu as quelque pouvoir et si tu nous entends, reviens auprès de nous ».

Huit ans plus tard, il se trouva qu'un garçon de huit ans, nommé Thiện fils du garde Khoát, du hameau dit Thôn hạ, de la commune de Nhi mễ, canton de Khoá nhu, huyện de Đông yên, phủ de Khóai châu, province de Hưng yên, disait constamment à ses parents : « Permettez-moi d'aller jusqu'au marché de Chiệc, pour voir ma grand'mère et ma mère qui vendent du papier doré et des cotonnades à ce marché ». Les parents s'étonnèrent de cette demande, car ils n'avaient jamais rien vendu à ce marché ; néanmoins ils lui permirent d'y aller pour voir ce qui se passerait. Quand il fut arrivé, il courut tout droit embrasser une vieille marchande de papier doré et une marchande de cotonnades; l'une était la mère et l'autre la femme du nommé Luật, du village de Da nguru, qui étaient venues vendre leurs marchandises; l'enfant leur donnant le nom de mère et de grand' mère manifestait une grande joie. « Pourquoi, lui demandèrent-elles toutes surprises, nous traites-tu de mère et de grand'mère, enfant? ». « C'est donc que vous avez oublié ? leur répondit-il; antérieurement, trois ans après que vous m'eûtes mis au monde, ma mère, je vins à mourir; et le tombeau où je suis enterré se trouve encore au village de Da nguru; mais moi, j'ai obtenu de renaître dans la famille de M. le garde Khoát de ce village de Nhĩ me même. Si vous ne me croyez pas, permettez-moi de retourner à Da nguru; je vous mènerai voir mon tombeau, pour me faire reconnaître de vous ». Accompagnant donc sa grand'mère et sa mère, il

revint à Da ngưu et les conduisit à son tom beau, afin de les convaincre ; ses nouveaux parents avaient suivi pour voir aussi et il se trouva que c'était bien comme l'enfant l'avait dit. Après que Thiện eut reconnu ses anciens parents, le garde Khoát dut abattre un porc, préparer un plateau de riz sucré et apporter le tout en cadeau chez Luật, moyennant quoi, il obtint d'emmener son fils avec lui; aussi y-a-t-il ce dicton :

C'est un enfant qui est venu deux fois au monde ;

Et qui aime et vénère infiniment ses deux pères et ses deux mères.

Depuis cette époque, aux anniversaires funèbres comme aux fêtes, Thiện va toujours rendre visite à ses deux familles. Actuellement âgé de trente-deux ans, il exerce les fonctions de garde sous le nom de Thiện, et a deux femmes et deux enfants.

No 35. L'ORANG-OUTAN

Dans les forêts du haut pays vit un animal appelé orang-outan; ressemblant à l'homme pour la forme, il n'en diffère que parce qu'il est velu et qu'il n'est pas doué de la parole; aussi lui donne-t-on le nom de Faux-homme ou encore celui de Malin.

Cet animal aime la chair humaine. Quand il a réussi à prendre quelqu'un, il ne se presse pas de le dévorer sur le champ; des deux mains empoignant solidement les bras de l'homme, il lève la tête vers le soleil, et se met à ricaner sans fin; et ce n'est qu'au coucher du soleil, qu'il dévore sa victime. Aussi tous ceux qui pénètrent dans la forêt pour chercher du bois ou qui se rendent quelque part, pour une affaire quelconque, prennent-ils deux tubes de bambou femelle, dans lesquels ils introduisent leurs bras. Viennent-ils à se laisser surprendre par l'orang, ils lui tendent les bras, pour qu'il s'en saisisse et, guettant le moment où il tourne son visage vers le soleil pour ri caner, ils en profitent pour retirer leurs bras et s'enfuir. Quant à l'orang, il continue à serrer les tubes; puis, au coucher du soleil, baissant les yeux, il ne trouve plus que les tubes dans ses mains.

C'est pour cela que, quand un marchand, victime de son avidité, vend à perte ou sans aucun bénéfice, on a l'habitude de lui lancer ce trait, qui vise les gens de cette espèce:

Habile à garder son bien, comme l'orang qui tient les tubes.

Les Thổ, les Mán, les Murong et les Laotiens font un grand usage du sang d'orang pour teindre des couvertures et des coussins de selles. Pour prendre ces animaux il faut. à chacun des sentiers par où ils vont et viennent, placer un vase de riz fermenté et dix paires de sabots. Attirés par l'odeur du riz fermenté, ils arrivent par bandes et mangent

jusqu'à s'enivrer; puis chaussant les sabots ils essaient de marcher, titubent et s'étendent par terre. On n'a plus alors qu'à venir les lier, et on les emporte pour les égorger et faire servir leur sang à la teinture.

ACTE DE VENTE D'UNE BARQUE

Je soussigné Đỗ như Lan, du village de Hạ nông, canton de Thượng nông, huyện de Tam nông, province de Hung hóa, possède une barque en bois de fer, nouvellement construite et mesurant trente-cinq coudées de long, sur huit de large et quatre de profondeur. Cette barque est munie d'une couverture en bambou, de rames, gaffes, gouvernail, tolets, mât, voiles et de tous les apparaux qu'elle doit comporter. Je la vends aujourd'hui au nommé Luru duy Chu, domicilié au village de Làu hạ, canton de Lâu thượng, huyện de Phủ ninh, Phù de Lâm thao, de cette province, pour le prix de huit cent cinquante ligatures. Cette somme a été versée le jour même de l'établissement de l'acte, et les échanges ont été faits et sont terminés. Si la possession de cette barque que je déclare m'appartenir, était entachée d'illégalité, je consens à être rendu responsable et l'affaire ne concernera en rien l'acquéreur. Conformément aux us et coutumes du pays, le présent acte a été dressé pour faire foi.

Témoin instrumentaire :

Le Maire,

HÀN DUY KHIÊM, a appose son cachet.

ĐỖ NHƯ LAN

a rédigé l'acte et l'a signé.

No 37. RÉCIT D'UNE INONDATION

La 33e année du règne de Tur Durc, il y eut une sécheresse extraordinaire. Il fit un clair soleil, depuis le commencement du printemps jusqu'à la fin de l'été; la terre, roussit et il ne resta pas un arbre ni un brin d'herbe qui fût encore vert.

Le 30 du 8e mois, il tomba une petite pluie, qui permit enfin de semer les plants de riz seulement; le 18 du mois suivant, il tomba une forte pluie et l'on put planter les haricots. Un jour, un vieillard du vilage de Đảo đặng, canton de Cao cương, huyện de Tiên lữ, province de Hưng yên, voyant deux buffles qui se cossaient sur le monticule du Boisseau, se mit à dire aux habitants du village: «Il va y avoir une inondation »>. Puis il retourna chez lui, et emmenant sa femme, ses enfants et ses gens il alla se réfugier dans un autre pays. Or, ceux de son village, du premier jusqu'au dernier, se moquaient de lui, disant: « A son âge, peut-on bien dire de pareilles sottises! » Peu de temps après, brusquement la pluie tomba avec abondance; des torrents se déversèrent de haut

du ciel pendant un jour et une nuit sans cesser; dans les plaines l'eau monta de plus de trois coudées et les habitations furent entraînées et détruites par l'inondation.

Deux époux qui travaillaient aux champs, durent se presser tellement qu'ils abandonnèrent leurs enfants et ne purent emporter que leur mère pour courir se réfugier sur une éminence. Lorsqu'ils regardèrent en bas, tout leur apparut comme un océan. Quand les eaux se furent retirées et qu'ils regagnèrent leur maison, ils virent que leur village était devenu une immense bande de sable désert; seule, leur maison demeurait intacte, n'ayant pas été entraînée ni endommagée par les eaux. Étant entrés, ils trouvèrent leurs deux enfants assis sur le lit de camp, jouant avec entrain et entièrement sains et saufs.

Il y eut des gens qui dirent à ce sujet que cela venait de la piété filiale des deux époux, et que le ciel, touché par tant de vertu, les en avait récompensés.

Monsieur le Résident,

Je soussigné Bùi văn Nhân, du village de Cơ xá, ai fait construire une barque, mesurant neuf mètres de long, sur deux mètres un décimètre de large et un mètre de profondeur; elle est munie de trois rames et peut porter quarante-cinq piculs. Comme la construction vient d'être terminée, je n'ai pas encore de livret ni de numéro. J'ai en conséquence l'honneur de vous prier de vouloir bien me faire délivrer un livret de barque et une carte et me faire inscrire sur le rôle, afin que je m'acquitte de la taxe et que je puisse circuler et commercer librement; car je n'oserais point me soustraire à l'impôt.

Telle est ma requête.

Le 1re jour du 3e mois de la 3e année de Thành thái,

Signature du propriétaire de la barque,

BÙI VĂN NHÂN.

Monsieur le Résident supérieur,

Je soussigné Phạm văn Tinh, du village de Yên đà, huyện de Gia lâm, province de Bắcninh, ai l'honneur de venir en appeler auprès de vous, vous priant de vouloir bien m'accorder une faveur.


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Mon père a eu deux enfants mâles, moi et Phạm văn Tình, qui est l'aîné. A sa mort, nous avons hérité de quinze mau de rizières, sises sur le territoire de notre village; or depuis cette époque-là mon frère a détenu ces terres, les cultivant lui seul, sans me donner de part. Non seulement il ne me donne pas la part qui me revient de l'héritage paternel, mais de plus, aux anniversaires funèbres et aux fêtes, il me met encore à contribution et m'oblige à participer aux frais de toutes ces cérémonies.

Victime d'une injustice aussi criante, je vous prie de vouloir bien mander mon frère pour l'interroger et lui donner l'ordre de me remettre la part qui me revient de ces biens; car autrement, je suis trop lésé.

je vous en supplie humblement et vous souhaite longue vie.

Telle est ma supplique respectueuse.

Je soussigné Doàn hi Thiên et ma femme, domiciliés au hameau dit Thôn thượng, du village de Cổ quán, canton de Cổ quán, huyện de Thần khê, phủ de Thái bình, province de Thái bình, ayant besoin d'argent, nous avons eu recours aux bons offices de M. Lương huy Cát, chef de notre canton, qui nous a prêté cent soixante ligatures, somme que moi, Đoàn hi Thiền, ai reçue pour pourvoir aux dépenses du ménage. Comme garantie, nous remettons entre ses mains un mau de rizière de première qualité. Ce terrain, sis sur le territoire de notre commune, à l'extrémité du cours inférieur du ruisseau, est borné, à l'est, par une butte; à l'ouest, par le ruisseau; au sud, part la rizière de Văn khai; au nord, par une rizière appartenant au vendeur. Nous consentons un intérêt d'un tiền par ligature et par mois et nous nous engageons formellement à rembourser au 5e mois de l'année prochaine le capital et l'intérêt. Si nous laissons passer l'échéance, nous consentons à être dépossédés de ce mau de rizière au même titre que si nous l'avions vendu définitivement.

Conformément aux us et coutumes du pays, le présent billet a été souscrit pour faire foi.

Le 20 du 7e mois de la 2e année de Thành thai.

ĐOÀN HI THIÊN

a rédigé l'acte et l'a signé.

Su femme, Hồ THỊ ĐÀO a apposé son index.

ACTE D'ENGAGEMENT D'UN ENFANT A TITRE DE NANTISSEMENT

Je soussigné, Dương đình Hoè, du village de Phong niên, canton de Đông lương, huyện de Nghiêu phong, province de Quảng yên, ai un fils propre, âgé de quinze ans. En raison de la misère qui règne chez nous, j'engage cet enfant au profit de M. Trurong bá Nhân, Chef de notre canton et de sa femme, Vũ thị Nghĩa, pour quil les serve comme domestique, et ce, contre remise d'une somme de trente-six ligatures. Quand, une fois cette somme reçue, l'enfant aura été remis aux mains du chef de canton, il devra obéir aux ordres qui lui seront donnés. J'affirme que cet enfant est bien mon propre fils. Au cas où j'aurais introduit quelqu'un qui me serait étranger, je serais coupable et cela ne concernerait en rien le possesseur du gage.

Le Répondant, PHẠM HỮU KHÔI

a apposé son index.

Si dans la suite l'enfant tombant malade vient à mourir et qu'il y ait force majeure je serai tenu de rembourser intégralement la somme avancée, et au cas où il prendait la fuite ou déroberait quelque chose, je m'engage à le ramener, et à réparer le tort commis. Quand je me présenterai avec l'argent pour dégager l'enfant, il devra m'être rendu et ne pourra être retenu plus longtemps.

Conformément aux us et coutumes du pays, le résent acte a été dressé pour faire foi.

Le 11 du 2e mois de la 3e année de Minh Mạnh.

Le père, DƯƠNG ĐỊNH HOÈ
a rédigé l'acte de sa propre main et l'a signé.

No 42.

BILLET D'EMPRUNT

Je soussigné Nguyễn văn Tài et ma femme Trận thị Tinh, du village de Đỗ xá, canton dudit, huyện de Vũ giang, phủ de Thuận thành, province de Bắc ninh, nous trouvant dans le besoin, nous avons eu recours aux bons offices de M. Dinh xuân Phong, maire de la commune de Niêm xá et de sa femme, Lê thị Thu, qui nous ont prêté cent ligatures, somme que nous avons reçue pour parer à nos dépenses et pour laquelle nous consentons un intérêt de trente sapèques par ligature et par mois. Il est stipulé qu'au dixième mois de l'année courante, nous rembourserons intégralement le capital avec ses intérêts. Si nous laissons passer ce terme sans nous acquitter, nous nous engageons de notre plein gré à payer le double.

Conformément aux us et coutumes du pays, le présent acte a été dressé pour faire foi. Le 5 du 6 mois de la 1re année de Kiên phúc.

NGUYỄN VĂN TÀI

a rédigé l'acte de sa propre main et l'a signé. Sa femme, TRẦN THỊ TÌNH

a apposé son index

Monsieur le Huyện,

J'ai l'honneur de solliciter de votre bienveillance la faveur suivante :

ya

Je m'appelle Nguyễn văn Xuân, et suis domicilié au village de Bach mai. Les époux Võ văn Bon, de cette même commune m'ont emprunté cinquante piastres et j'ai un billet que je puis montrer. L'emprunt datant de la 2e année Thành thái, à l'heure actuelle il longtemps que l'échéance du billet est passée. J'ai déjà envoyé quelqu'un, avec une copie du billet, pour leur réclamer mon dù, mais ils n'ont pas payé. J'ai ensuite porté plainte auprès du chef de canton, qui les a condamnés à me rembourser, et, malgré cela, ils ont encore refusé de s'exécuter, en sorte que je suis obligé de venir en appeler à vous, vous priant de citer Võ văn Bon afin de le mettre en demeure de me rendre le principal avec les intérêts.

Je vous salue cent fois. Telle est ma requète.

Le 1er du 5e mois de la 4e année de Thành thái.

Signature de NGUYỄN VĂN XUÂN.

No 44. - DEMANDE DE CONCESSION DE TERRAIN

Certifie

Le Chef du canton de Phượng-vũ.

Monsieur le Tổng độc,

Je soussigné, Đặng đình Mai, du village de Phượng võ, canton dudit, huyện de Thượng phúc, phủ de Thường tín, province de Hà nội, exerce le métier de cultivateur. Or dans mon canton, sur le territoire de Dông quan, se trouve une rizière domaniale, de cinq mẫu environ, qui est bornée, à l'est, par la route mandarine'; à l'ouest, par la rizière de Nguyễn văn Sách; au sud, par un monticule; au nord, par un étang appartenant à cette même commune de Dông quan. Comme les habitants en sont dispersés, les rizières ne sont pas cultivées.

En conséquence, je viens vous prier de m'accorder l'autorisation de défricher ce terrain pour le remettre en culture, à charge par moi de le faire porter sur le rôle au bout de trois ans, et d'en acquitter l'impôt; et ainsi ce terrain ne sera plus livré à l'abandon.

Le propriétuire, ĐẶNG ĐÌNH MAI, a rédigé la requête et a signé.

Monsieur le Résident-maire,

Je soussigné, Lê văn An, forgeron, demeurant rue du Cuivre, sixième quartier, huyện de Thọ xurong, ai l'honneur de vous adresser la présente réclamation.

J'ai toujours exercé le métier de forgeron et, toutes les années précédentes, j'ai acquitté une taxe de douze ligatures par an. Or cette année-ci ma patente est portée à cinquante ligatures. Je me suis exécuté et j'ai déjà versé cette somme; néanmoins je trouve cette taxe trop lourde pour mes ressources et je crains, dans la suite, de ne pouvoir m'en acquitter intégralement et de me trouver ainsi coupable à votre égard. C'est pourquoi je vous adresse cette requête, vous priant de vouloir bien m'accorder un dégrèvement et ne m'imposer que pour vingt-cinq ligatures par an. Car ma forge n'a pas d'importance; je fais chaque jour deux ou trois pièces, dont la vente me rapporte deux ou trois ligatures seulement, et, tout compte fait, le bénéfice que je retire ne suffit pas à mon entretien; à plus forte raison, où pourrais-je trouver de quoi m'acquitter de l'impôt ?

Visa du chef de Rue, HOÀNG VĂN THƠ.

Je vous prie, Monsieur le Résident-maire, de vouloir bien examiner ma situation et me faire ressentir les effets de votre bonté.

No 46. LE LAC DE L'ÉPÉE RESTITUÉE

La ville de Hà nội renferme un lac appelé lac de l'Epée restituée. Jadis, le roi Lê thái Tổ, se tenant sur le bord, pêchait à la ligne (c'est à cet endroit qu'est la résidence de Hà nội). A ce moment, une énorme tortue apparut à la surface, tout près, devant le roi. Saisissant son épée d'or, il la lança sur la tortue, qui plongea, prit l'arme dans la gueule et la rapporta au roi : de là le nom.

Au milieu du Lac, vers la partie occidentale, se trouve le temple de la montagne de Jade, dédié à l'auguste génie de la Littérature. Pour se rendre dans ce temple on est obligé de passer par un pont, d'où l'on voit son ombre se jouer dans l'eau, et s'y réfléter comme dans un miroir, en sorte que l'on se croirait au pays enchanté de la Source des pêchers. Puis, on trouve un édifice carré, c'est le Portique de la répression des flots, à côté duquel est un fourneau de fer, où l'on brûle le papier votif. Après, on

arrive au temple extérieur dédié au génie de la Littérature, et au temple intérieur dédié à lauguste Quan đê.

Au milieu du lac, mais à droite, s'élève un tertre semblable à une tortue et surmonté d'une tour. Lorsque la brise souffle à travers les arcades, tandis que la lune inonde le parvis de clarté, on aime à s'y tenir, goûtant le vin et composant des poésies : c'est en vérité un site charmant, qui s'appelle la Tour du monticule de la tortue.

Depuis l'établissement du Protectorat, sur tout le pourtour du lac, on a édifié des hôtels et tracé une route, bordée de plantes d'ornements. Dans la fraîcheur du soir, chevaux et voitures vont et viennent en grande animation: c'est réellement un beau spectacle au mond

No 47. SONGE DU ROI GIA LONG

Au temps où jadis Gia Long s'apprêtait à marcher à la conquête de l'empire, la veille du jour au matin duquel il avait arrêté d'emmener ses troupes au Tonkin pour combattre les rebelles Tây son, il rêva qu'il se voyait sans tête. A son réveil, plein d'inquiétude et considérant ce songe comme un mauvais présage, il fit convoquer tous ses généraux pour l'expliquer. Dès qu'il furent tous présents il leur dit : « J'ai résolu de lever le camp demain au jour; mais tout à l'heure, dans un songe, je me suis vu sans tête; de quelle nature est ce présage?» Les officiers étaient encore à réfléchir, sans pouvoir se prononcer, lorsqu'un lettré répondit : « En vérité, c'est un bon présage ». Eh bien, demanda Gia Long, puisque vous trouvez que c'est un heureux présage, sur quelle interprétation vous fondez-vous? - Actuellement, répondit aussitôt le lettré, vous êtes prince; or le caractère prince renferme, en haut, un point et, en dessous, le caractère roi; si dans votre sommeil, vous vous êtes vu sans tête, cela signifie que vous avez perdu ce point et qu'il ne reste plus que le caractère roi. De la sorte vous êtes certain de conquérir l'empire et de régner ». Cette explication du lettré changea en joie la tristesse de Gia Long qui en récompensa généreusement l'auteur.

Le lendemain matin, il leva le camp et partit pour le Tonkin. Se faisant le champion des Lê, il remporta beaucoup de victoires sur les Tây son, et plus tard, il devint roi de tout le pays d'Annam.

No 48. LE LAC DE L'OUEST

A l'ouest de la ville de Hà nội se trouve un grand lac appelé lac de l'Ouest. L'emplacement en était, aux temps reculés, occupé par un bois, asile ordinaire de monstres qui faisaient périr les gens. Lorsque messire Không lô eut fondu une grosse cloche sur la montagne dite Mont du Flotteur, il en sonna, pour l'essayer, trois coups


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qui firent retentir le ciel et la terre. Or, en Chine, il y avait un buffle d'or, qui, prenant les sons de la cloche pour la voix de sa mère qui l'appelait, spontanément, sut marcher et accourut en Annam : le chemin qu'il suivit devint la rivière Tô lịch. Lorsque sa course l'eut amené auprès du bois, le buffle n'y trouvant pas sa mère, se démena avec un fracas tel que le bois s'engloutit sous le sol et fut transformé en un lac. Aujourd'hui encore, quand le temps est beau et que tout est silencieux, le buffle d'or se montre à la surface des eaux et souvent on l'aperçoit. Quant à la cloche, elle git au fond du fleuve dit des Six Têtes.

Ce lac est planté de nombreux nénuphars. Quand vient l'été et qu'on va s'y promener pour goûter la fraîcheur, les nénuphars épanouis exhalent un parfum tel que l'on se croirait en plein Royaume des Fleurs.

Il y a aussi un tertre qui s'élève près du bord de ce lac; on y a érigé une pagode appelée pagode de la Direction du Nord, affectée au culte de Bouddha.

Il existait encore un grand nombre d'autres petits lacs ou étangs aux eaux sales. Les exhalaisons qu'ils répandaient étaient très malsaines, aussi l'administration les a-t-elle fait combler. Quant aux grands, il est interdit de s'y baigner ou laver, c'est pourquoi l'eau en est actuellement limpide et propre.

No 49.

Le Résident supérieur au Tonkin, par le présent avis, porte à la connaissance des administrés que dorénavant quiconque voudra adresser une requête ou une réclamation, devra la présenter en suivant la voie hiérarchique et ne pourra l'envoyer ni la remettre directement au Gouverneur général de l'Indo-Chine. Tel est l'avis.

Le 21 du 11e mois de la 2e année de Dông Khánh.

AVENTURE DE L'HOMME QUI EN CHERCHANT SA FILLE TUA DES SERPENTS D'EAU, DANS LA RIVIÈRE DE LA SOURCE FROIDE

Sur le territoire du village de Hoà lạc, huyện de Hữu lũng, province de Thái nguyên, passe la rivière de la Source froide qui, partant du mont Y tịch, se jette dans le fleuve Hoà giang. Elle renferme un gouffre très profond, asile de nombreux serpents d'eau, dont les voyageurs sont souvent victimes.

Dans ce village vivait un vieux pêcheur qui avait une fille unique de quinze ans. Une nuit, par un pâle clair de lune, le père et la fille étaient à pêcher. Soudain, à l'arrière de la barque, on entendit, à la surface de l'eau, un bruit de heurt, comme d'un gros

poisson qui se précipiterait pour happer sa proie. Tournant la tête pour regarder, le pêcheur constata la disparition de sa fille. Profondément affligé de cette perte, il s'en retourna chez lui, à l'instant même, et prépara un banquet auquel il invita les gens du village, puis il leur dit : « Vivant ou mort, je compte sur vous. Je n'avais qu'une fille ; puisque les monstres l'ont traitée aussi cruellement, je veux risquer ma vie dans une lutte avec eux ». Alors, muni de deux sabres et d'un briquet, il plongea jusqu'à une caverne profonde, située au fond du gouffre. Là, il trouva deux carpes énormes, dont la queue était grande comme un étendard et qui, crachant l'eau, à l'entrée de la caverne, en défendaient l'accès. Les ayant tuées à coups de sabre, il put pénétrer à la nage dans la caverne; et après avoir franchi un certain espace, il reprit pied. Poussant plus avant encore, il vit des édifices nombreux et vastes, où les serpents d'eau dépouillés de leur peau, étaient couchés, semblables à des hommes qui dorment. Le pêcheur dégaîna, et les massacra tous, hormis deux petits serpents qui étaient rentrés dans leur enveloppe et s'enfuyaient. Les poursuivant, il trancha net la queue de l'un. Les deux fugitifs, pleurant et gémissant, lui demandèrent grâce, mais il ne voulut rien entendre.

Puis continuant à s'enfoncer plus avant, il trouva sa fille, les yeux et le nombril arrachés. Furieux, il porta au dehors le corps de son enfant et, prenant du bois mort et des brindilles sèches, il empila le tout dans la caverne et y mit le feu, si bien que la fumée s'étendit jusqu'au mont Y tịch et que tous les serpents d'eau péri ent. Cela fait, il boucha l'entrée avec des épines et de la terre et, dès lors, les gens n'eurent plus à souffrir de la part de ces monstres.

Quand cet homme mourut, les gens du village, en souvenir de cet acte méritoire, élevèrent un temple en son honneur et l'adoptèrent pour génie tutélaire. Devant le temple, on voit une grosse pierre unie, semblable à une natte étendue. Quand quelqu'un se trouve lésé, les deux parties viennent là pour prier et jurer, et, comme par miracle, le coupable tombe mort.

Aujourd'hui, il n'est personne parmi les passants qui ne lui apporte, en offrande, du papier votif, et ne lui adresse des prières. Aussi peut-on dire à ce sujet : « s'il n'était puissant, qui donc l'appellerait génie ? »

Un chasseur ayant attrapé un cygne femelle, le rapporta chez lui et le mit dans une cage qu'il suspendit au milieu de la cour. Au bout d'un moment, il aperçut le cygne måle qui voletait auprès de la cage où était renfermée la femelle, en poussant des cris continuels. Le lendemain, le chasseur, qui se trouvait debout, dans l'intérieur de la maison, vit tout à coup le cygne mâle arriver en volant et se poser sur son pied. Il s'empara de l'oiseau qui vomit alors une pépite d'or. Le chasseur, comprenant à cette vue

que le cygne apportait cet or pour la rançon de sa compagne, leur rendit la liberté à tous deux. Puis, prenant une balance, il pesa cet or et trouva un poids de deux onces six gros.

Cette levée date de je ne sais quel règne. Elle n'est ni basse ni haute.

No 52. LE REMPART DE ĐẠI LA

Digne et décente, cette muraille, ainsi construite, plaît à l'œil. Tourbillonnantes et furieuses, les eaux ne peuvent la franchir. Elle possède douze issues, un vaste réseau de voies.

Les habitants, qu'elle enclot par milliers, les pourrait-on compter?

Les scènes et les vues de Thăng long sont charmantes :

Puisse pendant des centaines d'années, l'empire d'Annam demeurer inébranlable.

MONTAGNE DE LA FEMME QUI ATTEND SON MARI

Dans la province de Bình định vivait un homme qui avait deux enfants, un garçon et une fille, le premier âgé de douze ou treize ans, l'autre de neuf. Mais tous deux étaient d'un caractère léger, en raison de leur extrême jeunesse.

Un jour que leurs parents étaient absents, les enfants se prirent de querelle et se battirent. Le frère s'armant d'un couteau, en donna, avec le tranchant, un coup sur la tête de sa sœur et lui fit une entaille si grave que la fillette tomba étendue sur le sol, perdant le sang à flots A cette vue, le frère, la croyant morte, s'enfuit épouvanté et disparut. Quand les parents furent de retour, ils soignèrent la petite fille et la guérirent; puis ils se mirent à la recherche de son frère, mais ils ne le retrouvèrent point il avait bien disparu. De nombreuses années se passèrent, sans qu'on le vit davantage revenir. Dans la suite, les parents étant venus à mourir, la sœur, inconsolable de la perte de son frère, se mit à sa recherche elle aussi, et, comme ils étaient restés séparés pendant de nombreuses années, ils ne se rappellaient plus leurs traits, si bien que s'étant rencontrés sans se reconnaître, ils se lièrent et s'épousèrent.

Ils avaient déjà un enfant, lorsqu'un jour, la femme se lavant les cheveux, le mari s'aperçut qu'elle avait une cicatrice à la tête. Soupçonnant que c'était sa sœur, il lui demanda aussitôt : « D'où vient que vous avez une cicatrice à la tête ? » - << Cette cicatrice, répondit-elle, date de mon enfance; mon frère m'ayant blessée d'un coup de couteau, et pensant que j'étais morte, eut peur et prit la fuite; depuis ce jour là, je n'ai cessé de le chercher, je ne l'ai point retrouvé et j'ignore s'il est encore en vie. »

Le mari fut alors bien convaincu que c'était sa sœur, mais il n'osa en rien dire. Il se tenait ce raisonnement en lui-même : « Séparés depuis tant de temps, nous avions oubliés les traits l'un de l'autre et maintenant que, dans notre ignorance, nous nous sommes épousés, nous avons violé les lois de la morale sociale et nous sommes coupables à la face du ciel et de la terre. >>

Toutes les réflexions auxquelles il se livra le firent à tel point rougir de lui-même que sans plus tarder. il dit à sa femme, pour lui donner le change, qu'il partait pour trafiquer et il disparut sans que l'on pût savoir où il était allé. La jeune femme, dans son inconscience, car elle ne se doutait point que ce fût son propre frère, ne songeait qu'aux liens conjugaux qui les unissaient l'un à l'autre. Le temps se passa, et elle ne le voyait pas revenir, en sorte qu'elle ne savait trop s'il était mort ou en vie. Telle était la vivacité de son affection et de ses regrets que, chaque jour emportant son enfant dans ses bras, elle gravissait la montagne pour guetter le retour de son mari. Dans la suite, elle fut métamorphosée en un rocher, ressemblant à une femme qui, un enfant dans les bras, se tiendrait debout, attendant son mari. Aussi a-t-on appelé ce rocher la pierre de la Femme qui attend son mari.

No 54. LE RENARD A NEUF QUEUES

Le pays de Long biên, dans les temps anciens, était inhabité. Le roi Thái tổ, de la dynastie des Lý, allant en barque se promener près de l'appontement vit tout à coup deux dragons qui soulevaient son embarcation sur les flots; aussi donna-t-il à cette région le nom de Thăng long (Dragon qui émerge), et il y fixa sa capitale.

L'emplacement occupé par la citadelle de Thăng long touchait, du côté de l'est, à la rivière Tô lịch; à l'ouest se trouvait le mont appelé Petit-Roc, et, dans une caverne creusée au pied, le Renard blanc à neuf queues. Ce monstre, âgé de plus de mille ans, prenait toutes sortes de formes magiques. Se métamorphosant tantôt en diable, tantôt en homme, il allait partout au milieu des gens. A cette époque là, sur la montagne du Parasol, résidait un génie tout puissant. Les Mán, qui habitaient des chaumières élevées sur pilotis au pied de cette montagne, lui rendaient un culte et le génie leur avait enseigné à labourer les champs et à tisser des tuniques blanches pour s'habiller, et, pour cette raison, on les nommait les Mán blancs. Le Renard blanc se transformant en homme vêtu d'une tunique blanche se mêlait aux Mán et, au moyen de ses danses et de ses chants, il séduisait jeunes garçons et jeunes filles et les attirait dans la caverne du monticule du Petit-Roc, en sorte qu'il rendait les Mán très malheureux. C'est alors que sur l'ordre du Roi-Dragon, les serviteurs du Roi des Eaux faisant monter les eaux détruisirent la caverne du Petit-Roc, et s'emparèrent du Renard blanc qu'ils dévorèrent. Son habitation fut changée en un abîme appelé le lac du

Cadavre du Renard, et pour conjurer les effets de la vengeance du monstre, on y édifia un temple en l'honneur du Roi-Dragon. A l'ouest de ce lac, s'étend un vaste terrain plat où les gens ont construit des maisons et où ils se livrent aux travaux du labourage aujourd'hui, il porte le nom de Hổ thôn ou hameau du Renard; quant aux environs de la caverne où demeurait le monstre, c'est le hameau de Lổ khươc Thôn ou de l'Ignorance dissipée.

9.

10. Le bois tors hait le cordeau droit.

11.

12.

13.

(C'est comme) un fil ténu pour suspendre une cloche.

14.

Rassemblement d'abeilles, troupe de fourmis.

15.

L'oiseau tué, on brise l'arc; le poisson pris, on délaisse la nasse.

16. Quand le tambour résonne, la cloche s'émeut.

17.

Vous avez les cheveux noirs (comme moi) et moi j'ai le sang rouge (com

me vous).

(C'est comme) la sauterelle qui s'arc-boute contre la voiture.

La jeune fille (doit vivre) porte close, verrou tiré.

Eût-on des richesses plein un trésor, si l'on reste dans l'inaction, elles s'épuisent tout de même.

La lampe de chacun éclaire sa maison.

La faim engendre la violence.

Mieux vaut beaucoup de travailleurs qu'un seul qui travaille toujours.

A la longue course, on reconnaît le bon cheval.

Grenouille assise au fond du puits.

Les poules d'une même basse-cour, si on leur barbouille la tête, en viennent à se battre.

Les filles recherchent le talent; les garçons la beauté.

Près de l'encre, on se noircit; près de la lampe, on s'éclaire.

No 56. – LE CAP DE DAME KHÉT

La montagne de Thân mau ou Génie-Mère, vulgairement appelée Cap de Dame Khét, est située au nord; elle est distante de la citadelle de Biên hoà de deux cent quaranteneuf stades. Elle est constituée par des roches qui s'étendent jusque dans la mer. Sous les eaux, se trouvent de nombreux rochers qui, s'élevant sans se découvrir, hérissent leurs pointes à fleur d'eau. La montagne est creusée de maintes cavernes,


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où naissent sans cesse de violentes bourrasques et les flots furieux n'ont presque ni trève ni repos. Aussi les navigateurs considèrent-ils ces parages comme très redoutables; car, si l'on s'y engage, à l'étourdie, avec une barque ou un bateau, on est certain de voir son embarcation brisée et engloutie, sans faute. Dans une grotte se trouve une chapelle fameuse, où l'on adore l'Esprit femelle de cette montagne, et devant la porte de laquelle passe la route Mandarine. De tous les voyageurs qui vont ou qui viennent, de tous les marchands qui montent ou qui descendent, il n'en est pas un qui, à la vue de cette chapelle, ne se sente pénétré de respect et de crainte. C'est ce qui fait que beaucoup de personnes y apportent des poules vivantes qu'elles mettent en liberté pour les offrir à l'Esprit et suspendent, en guise d'offrande, du papier votif d'or ou d'argent, le suppliant de les protéger et de leur accorder la force et la santé, la chance dans leur commerce et des richesses à foison.

No 57.

1. Le mal vient vite et la guérison lentement.

On souffre là où l'on a mal.

2. Il y a des remèdes contre les maladies, mais non contre le Destin.

Qui a le gosier serré, celui-là ouvre la bouche.

3. Aux jours du dixième mois, on n'a pas encore eu le temps de rire, que

déjà il est nuit;

Dans les nuits du cinquième mois, on n'a pas encore eu le temps de se coucher, que déjà il fait jour.

4. - Partout où passe le buffle blanc, là, manque la récolte.

5.

Etudier en faisant autant de bruit que la poule d'eau qui crie pendant l'été.

Jouissez de votre printemps; car votre printemps va passer;

Et la vieillesse vous suit à grands pas.

A chaque saison ses fruits.

Serait-on à gueux crever de faim, au jour de l'an on mange tout de même son saoûl.

No 58. MONTAGNE DE LA BONZESSE

Cette montagne est située sur le territoire du huyên de Long thành, de la province de Biên hòa. Voici l'origine de ce nom. Autrefois, dans la famille Lê, il y avait une jeune fille qui cherchait à se marier et qui était fort riche. A force de vouloir choisir

sans se décider, elle laissa passer le moment propice et ce ne fut qu'après la mort de ses parents qu'elle se maria. Or peu de temps après, son époux étant venu à mourir aussi, la jeune femme fit le serment de ne pas se remarier, ce qui n'empêcha pas qu'elle fut tourmentée par les riches et les puissants qui sans cesse lui envoyaient des messages, lui adressaient des entremetteurs et la poursuivaient de leurs agaceries et de leur badinage, sans qu'elle trouvât le moyen de se soustraire à toutes ces importunités.

C'est alors qu'elle se rasa la tête et se réfugia sur la montagne, au sommet de laquelle elle bâtit une pagode. Elle en devint la supérieure, et les novices la servaient, lui tenant lieu de domestiques. Elle s'appliqua à se sanctifier, dans l'observance de la chasteté et de la continence et dans la pratique des bonnes œuvres. Aussi, en raison de cette circonstance, cette montagne fut appelée montagne de la Bonzesse.

Cette montagne, située à l'est de la citadelle de Biên hòa, en est distante de cent vingt stades. Formée par de la terre et des roches, elle élève des cimes dentelées et inégales, recouvertes d'une végétation luxuriante, vigoureuse et fraîche qui, de Gia đinh, apparaît d'un bleu d'azur, comme un riant présage que manifesterait le ciel. Les gens qui habitent aux alentours de cette montagne y viennent couper des bambous, abattre des arbres, extraire de l'huile et faire du charbon, pour gagner leur vie; ils y trouvent également toutes sortes de produits et de gibier de poil ou de plume.

No 50, – LA MONTAGNE DE NGA SƠN

Le mont Nga sơn, ou Haut pic, est situé près du port de Thân phù, dans le huyện de Nga sơn, province de Thanh hóa. D'une hauteur vertigineuse, il a la forme d'une fleur de nénuphar et renferme une grotte, appelée grotte du Pêcher-Bleu.

Jadis, au temps des Trån, un homme originaire du Hóa châu, et du nom de Từ thức,administrait le huyên de Tiên do. Près du siège du huyện, s'élevait une pagode oû l'on cultivait des pivoines; chaque fois qu'elles venaient à fleurir, on donnait une fête qui s'appelait fête de la contemplation des fleurs. Au jour de la solennité, campagnards et citadins rivalisaient pour y venir. Une fois, il arriva qu'une jeune fille d'environ seize ans, fort jolie, ayant cueilli une des fleurs, fut prise et garottée par les gens de la pagode. Messire Từ thức voyant cela, ôta sa robe fourrée et l'offrit comme rançon de la jeune prisonnière, qui fut ainsi remise en liberté. La jeune fille remercia son libérateur et partit. Messire Tur thure résigna alors ses fonctions et, revenu dans son pays, il se bâtit une maison sur le mont Auguste, passant son temps à errer par monts et par vaux, ou à boire du vin et à faire des vers en joyeuse compagnie.

Un jour étant allé à la montagne de Nga sơn, il remarqua dans la paroi d'une caverne, une ouverture ronde, d'une perche de diamètre environ. A peine s'y était-il introduit, que l'entrée se referma d'elle-même et qu'il fut plongé dans une profonde

obscurité. A force de tâtonner, il découvrit un chemin. Après avoir parcouru à peu près un stade, il aperçut des maisons, des palais tels qu'on en pourrait voir au pays des Génies, et deux suivantes, s'avançant à sa rencontre, l'invitèrent à entrer. Une fois introduit, il se trouva en présence d'une belle jeune fille qui lui dit : « Eh bien, messire, vous souvient-il de la fleur détachée ? C'est à cause de cela que je vous ai fait entrer, pour vous remercier de votre généreuse action ». Tur thức lui demanda son nom et elle répondit qu'elle s'appelait Parfum céleste. Dès lors, ils vécurent comme mari et femme.

Au bout d'un an Tử thức fut pris du désir de revoir son pays et demanda à s'en retourner. La jeune femme, en pleurant, fit préparer le Char de nuages, pour le reconduire. Après une course de quelques instants, il se vit rendu. Mais les maisons lui parurent entièrement changées; seules, les deux chaînes de montagnes restaient, toutes vertes comme autrefois. Il s'informa à des vieillards qu'il trouva là, s'ils connaissaient son nom. « Nous avions un trisaïeul, répondirent-ils, qui portait ce même nom; mais, s'étant aventuré dans la montagne, il n'a jamais reparu ». A cette réponse, Từ thức voulut remonter sur le char magique, pour s'en aller, mais le char se métamorphosa en un phénix qui s'envola et disparut, en sorte que, désorienté, il ne savait plus où tourner ses pas. Il pénétra alors dans la montagne de Hoàn sơn et devint un génie. Cette montagne est située sur le territoire du village de Hoàng sơn, huyện de Nông công, province de Thanh hóa également.

THÚY KIÊU, SE PROMENANT POUR GOUTER LE CHARME DU PRINTEMPS, VÀ VISITER LE TOMBEAU DE ĐẠM TIÊN

Les herbes nouvelles étalaient leur verdure jusqu'à l'horizon;

Les branches des poiriers montraient les blanches taches de quelques fleurs ; On était à la saison de la Pure clarté, aux jours du troisième mois,

Et l'on célébrait la fête du Nettoyage des tombes, appelée aussi le Piétinage de la verdure.

Partout c'était comme des vols bruyants et joyeux de loriots et d'hirondelles.

Tous trois, le frère et les deux sœurs, se préparèrent à faire une promenade pour goûter le charme du printemps.

Jeunes gens accomplis, jeunes filles élégantes, affluaient.

Chevaux et voitures se pressaient comme les flots; robes et pantalons étaient serrés comme à force de coins.

Dans tous les sens, des files de promeneurs gravissaient les buttes.

Les barres de papier d'or s'éparpillaient et la cendre du papier de sapèques s'envolait. Lorsque, déclinant, le soleil descendit vers l'horizon.

Les deux sœurs folâtrant et se tenant par la main, s'en retournèrent :

Elles cheminaient, pas à pas, le long d'un ruisselet,

Et, coin par coin, contemplaient le paysage qui respirait la fraîcheur.

Bruyant, le ruisselet se repliait en méandres.

Et les arches d'un petit pont, partant du bas de la berge, étaient jetées en travers.

Puis, voyant se dessiner près du chemin, un tertre,

Où végétaient tristement, des tiges d'herbes, moitié jaunes, moitié vertes,

La jeune Kiểu s'écria : « Pourquoi, en cette fête de la Pure lumière,

A cette place seule, le parfum de l'encens fait-il ainsi défaut ?

No 61. PARRICIDE A CAUSE D'UN COQ

Dans le village de Dinh bảng, du phù de Tur son, province de Bắc ninh, il y avait un individu nommé Dinh văn Hào, qui passait sa vie dans la dissipation et ne se plaisait que dans la société des chasseurs et des amateurs de combats de coqs.

Il possédait un coq de combat qui était vainqueur dans toutes les luttes où il le produisait. Aussi le prisait-il plus que ses parents et sa famille même, et il disait souvent : « Si quelqu'un tue ce coq, il le paiera de sa vie ». Un jour qu'il était absent, le coq étant allé picorer le paddy qu'on avait mis à sécher dans la cour, sa femme prit une perche et lui en asséna un coup, dont malheureusement il mourut. Effrayée, la femme dit à sa belle-mère : « J'ai commis la sottise de tuer le coq; quand mon mari reviendra, quoi que je dise, il me tuera; je vous en prie, mère, si vous le pouvez, sauvez-moi. » La mère, ayant pitié de sa bru, lui dit : « Quand il reviendra, je dirai que c'est moi qui l'ai tué, et cela ne tirera pas à conséquence; mais si nous laissions la chose ainsi, il vous tuerait certainement à son retour. » Le lendemain, lào revint; sa mère feignant de pleurer lui dit : « J'ai fait la sottise de tuer le coq; je vous prie, mon fils, de me pardonner ». Ayant entendu sa mère parler ainsi, brusquement il entra dans sa chambre, saisit un large couperet de cuisine et d'un coup il fit deux tronçons de sa mère. Les autorités communales et cantonales, à cette nouvelle, vinrent l'arrêter et le livrèrent entre les mains du mandarin qui le condamna à avoir la tête tranchée. A la suite de cet événement, l'autorité fit interdire les combats de coqs. Ce fait eut lieu en la 18e année du règne de Gia long.

Pour les coqs de combat, il est nécessaire de choisir la race. Dans la province de Hà nội, le village de Thụy chương, du huyện de Vịnh thuận, et le village de Văn đình, du huyện de Sơn miêng, en produisent tous deux une fort belle race. Quiconque veut

élever des coqs de combats doit donc se rendre là pour se procurer des spécimens de cette race, lesquels se vendent jusqu'à trois ligatures l'individu tout jeune. On leur donne à manger exclusivement du millet et on ne les fait battre qu'après deux ans et demi environ de ce régime.

Autrefois, dans la ville de Hà nội, au marché de Đổng thành, on donnait fréquemment des combats de coqs; aussi était-ce un lieu commun que cette phrase: « Les combats de coqs du marché de Dông thành ». Voici les règles du combat. Quand on a résolu de donnner un assaut, on fait boire de l'eau de sauge à l'animal et on le porte ensuite sur la lice. Les concurrents ayant lâché les coqs pour les mettre aux prises, dessinent un cercle de la largeur d'une grande corbeille. Tout combattant qui dépasse ce cercle, soit qu'ayant le dessous 'il s'enfuie, soit qu'ayant le dessus il fasse un faux mouvement, est tenu pour vaincu, dans un cas comme dans l'autre. Les propriétaires des coqs stipulent la somme que gagnera le vainqueur et que perdra le vaincu ; cela fait l'objet d'une convention préalable. Quand un divertissement de ce genre a lieu, les gens accourent en foule pour y assister. Aussi y a-t-il ce dicton : « Pressés comme les spectateurs d'un combat de coqs ».

No 63. — LE DIABLE INCARNÉ

Voici de quoi il s'agit : Quand une personne est déjà morte et qu'on n'a pas encore eu le temps de l'ensevelir ni de lui fermer les yeux comme aussi de lui voiler le visage, si un chat ou un chien saute par dessus sa figure ou lui regarde dans les yeux, dans chacun de ces cas, elle devient diable incarné, c'est-à-dire, vraisemblablement, qu'un diable, ou bien encore l'âme d'un animal domestique, s'introduit dans le ventre. Quand cela arrive, bien que la personne soit morte, on voit, comme par enchantement, le cadavre, d'un brusque mouvement se lever et se dresser, puis courir et bondir en tous sens, mordant et regardant fixement ceux qu'il rencontre, ou les griffant et leur donnant des coups de pieds, avec une vigueur irrésistible.

Quand une famille a le malheur d'avoir un de ses membres dans cet état, tout le monde est obligé de s'enfuir et de se cacher et il faut aller chercher un sorcier qui soit vraiment habile, et possède de puissantes formules magiques. Confectionnant un charme, il l'introduit dans une sarbacane de bronze et, avec son soufle, le lance sur le cadavre. Frappe-t-il juste une seule fois, le cadavre tombe du coup et sa chair se décompose en une sorte de bouillie, si bien qu'il faut l'emporter pour l'enterrer immédiatement et ne pas tarder d'une heure, car si on le laissait, tout la famille deviendrait malade et mourrait. Les familles qui se trouvent dans ce cas sont des familles maudites, à qui leurs ancêtres n'ont laissé le bénéfice d'aucun acte méritoire et la personne à qui le


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Au temps des Lê vivait un homme dont le nom patronymique était Trân et le prénom Tú Uyên, et qui appartenait à une famille où l'étude était de tradition. Il avait perdu ses parents de bonne heure. Par instinct, il aimait à visiter les temples célèbres et les lieux hantés des génies. Un jour, il y avait une fête dans la pagode de Ngọc-ho, appelée vulgairement pagode de dame Ngò; (le tumulte) des chevaux et des chars (ressemblait au bruit des, flots, et les vêtements étaient serrés comme avec des coins, tant la foule des assistants était grande. Vers le soir, alors que presque tout le monde était reparti, messire Tú Uyên se tenait à la porte, plongé dans une rêverie; tout à coup, il avisa, près de lui, une feuille portant quatre vers qu'il lut et qui lui semblèrent contenir une déclaration d'amour. Regardant vivement devant et derrière lui, il n'aperçut personne. Mais, au bout d'un moment, parut, sortant de la pagode, une femme suivie de deux servantes; ses longs vêtements flottaient avec grâce, et toute sa personne respirait le charme de la jeunesse. S'étant approché d'elle, il lui adressa les compliments d'usage, mais, sans dire un mot, et se contentant de lui sourire, elle partit. Cela lui donna l'idée de la suivre pour voir où elle allait. Une fois qu'elle fut arrivée au temple de Quảng minh, elle disparut comme par magie. Dès lors, après qu'il eut regagné son logis, il en oublia le manger durant les douzes heures du jour et le sommeil pendant les cinq veilles de la nuit et aucun remède ne pouvait le guérir du mal d'amour. Puis, se rappelant tout à coup que le génie du temple du Blanc Coursier exauçait miraculeusement les prières, il s'y rendit pour demander un songe. A minuit, un vieillard lui apparut; sa chevelure flottait toute blanche et il s'appuyait sur un bâton: Demain matin, lui dit-il, rendez-vous sur le pont de l'Est, et achetez ce que vous y verrez mettre en vente ». S'étant réveillé, il attendit le point du jour et se rendit sur le pont de l'Est. Ayant passé toute la journée à attendre sans rien découvrir, il se lassa. Il s'apprêtait à partir quand, soudain, s'offrit à ses yeux un vieux bonhomme, qui cherchait à vendre une peinture représentant une jeune vierge, tout à fait semblable à la personne qu'il avait rencontrée à l'assemblée. Il l'acheta donc, et l'emporta pour la suspendre dans sa maison. A chaque repas, il préparait deux paires de bâtonnets et deux bols et invitait la personne peinte sur le tableau à manger. Un jour, à son retour de l'école, il trouva, tout prêt, un plateau chargé de mets. Devinant ce que c'était, il le prit et mangea. Le lendemain, il feignit d'aller à l'école et se tint aux aguets, auprès de la maison voisine. Au bout d'un instant, il vit une femme sortir du tableau. Vite, il accourt et le déchire. Puis il dit d'un ton de reproche : « Pourquoi avoir tant tardé à venir, me faisant ainsi languir dans une attente continuelle? Puisqu'enfin je vous retrouve, comment vous nommez-vous? - Je m'appelle Giáng hương, répond-elle. Obéissant à un arrêt du Ciel, je désire contracter une union terrestre avec vous ». Elle dit et comme par enchantement l'humble maison se changea en un palais superbe.

Dès lors, M. Tú Uyên, au comble de ses désirs, se mit à boire avec excès et devint méchant comme un diable; les remontrances de la jeune femme, ce fut comme l'eau


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gens et reçoivent le prix de leurs peines et moi qui vous ai servi, ami, je reviens les mains vides, ò ciel ! O mon ami, en quoi vous ai-je manqué pour que vous soyez cruel au point de m'abandonner, pour que vous partiez sans regrets, ô ami! Désormais, il ne me sera donc plus donné de contempler votre visage, ô ami!

No 73. LE CRAPAUD

Jadis, dans la haute région, vivait une femme veuve. Comme par miracle, elle se trouva enceinte. Lorsque le temps fut révolu, elle mit au monde un crapaud qui, tout en n'étant qu'une bête, agissait et parlait comme un homme. Dans une famille du voisinage, il y avait deux jeunes filles, àgées, l'une de dix-huit ans, l'autre de seize. Leur taille avait la sveltesse d'un jeune prunier; l'intelligence se reflétait sur un teint de neige; c'était en vérité un couple de beautés capables de faire bouleverser les empires, ou renverser les forteresses. Le crapaud dit alors à sa mère : « Je vous en prie, mère, allez demander la main de ces jeunes filles pour moi. » La mère, accédant au désir de son fils, apprêta l'arec et le bétel et se rendit chez cette famille, pour faire la demande. Dès qu'elle se fut expliquée, l'aînée, toute dédaigneuse, se mit à dire : « Je suis une femme et ne me soucie pas d'épouser un crapaud », mais la cadette consentit. Les parents, comme cadeaux de noces, exigèrent dix barres d'or, cent barres d'argent, dix pores, dix charges de riz glutineux, ainsi que des vêtements, des boucles d'oreilles et des bagues. La mère du crapaud acquiesça et revint. Très embarrassée, elle dit à son fils: «Pauvres et besogneux comme nous le sommes, avec quoi fournirons-nous l'énorme dot qu'exigent les parents de la jeune fille, dis-moi, mon fils?»-«Ne vous tourmentez pas mère, je vous en prie, lui répondit-il ; je m'en charge, moi. » Cela dit, le crapaud partit, et, au bout d'un moment, revint portant une espèce de fruit tout rond, à peu près comme une pamplemousse, mais qui n'était pas une pamplemousse. Puis il dit à sa mère de fendre le fruit d'un coup de couteau; à l'intérieur, ils trouvèrent l'or, l'argent, les porcs et le riz ainsi que les vêtements et les bijoux qu'ils portèrent comme cadeaux de noces. Quant au crapaud, se dépouillant de sa peau, il apparut beau comme un Génie. Le mariage eut lieu en grande pompe et les deux époux formaient vraiment un couple bien assorti. La sœur qui avait fait fi du crapaud éprouva, à cette vue, un tel regret et un tel désespoir, qu'elle en perdit le boire et le manger, si bien qu'elle en mourut.

Cette légende prouve que le crapaud est apparenté au Maître du ciel. Aussi y a-t-il ce dicton :

Le crapaud est l'oncle du Maître du ciel; Quiconque le frappe, le Ciel punit celui-là.


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ce livre là; si tu es capable de la prendre, prends-là. Puisque vous ne voulez pas me la rendre, répliqua le revenant, ne me reprochez pas ce que je vais faire. Emploie tous les moyens que tu pourras. Aussitôt le revenant se congestionna le visage qui devint rouge comme du sang, dénoua ses cheveux qui lui tombèrent jusqu'à la ceinture, tira une langue longue de plus d'une aune, tantôt riant, tantôt pleurant, et finalement, rentrant sa langue et enroulant ses cheveux, il se changea en une belle jeune fille; mais pourtant notre étudiant ne se laissa ni effrayer ni attendrir. Alors le revenant s'étant approché se prosterna devant lui et lui dit d'une voix gémissante; Je vous en prie, maître, donnez-moi cette corde, afin que j'aille à la recherche d'une personne qui me remplace et que j'obtienne d'être rendu à la condition humaine, sans quoi je resterais plongé dans un abîme de souffrances, ayez pitié de moi, je vous en supplie. Ce ne serait toujours, répondit l'étudiant, qu'une substitution perpétuelle, l'un prenant la place de l'autre, sans qu'il y ait jamais de fin? Je ne veux pas, pour ma part, permettre que le mort recouvre la vie à condition que le vivant la perde. Quels sont donc les magistrats, gardiens des lois de l'enfer, pour tolérer que les humains soient en butte à tant de maux ? Il faut que j'écrive au tribunal afin qu'il abroge cette loi. Tant mieux si cela se peut, dit le revenant transporté de joie; et je me garderai bien à l'avenir de chercher une victime pour me remplacer. » L'étudiant rédigea aussitôt un placet destiné au roi de l'enfer et le remit au revenant qui lui dit : « Maître, brùlez l'écrit, je vous prie ce n'est que de cette façon que je puis m'en charger. Puis tout joyeux, il se jeta aux pieds de l'étudiant et prit congé de lui. Désormais la voisine fut à l'abri de toute obsession de ce genre.

LA PAGODE DE BÀ NGÔ

La pagode du village de Bà ngô sous-préfecture de Thọ xương, province de Hà nội autrefois appelée pagode de Ngọc hô, changea dans la suite son nom en celui de pagode de Tiên phúc.

Jadis, le roi Lê thánh Tôn allait souvent à cette pagole, tantôt pour faire ses dévotions au Bouddha, tantôt pour y célébrer des cérémonies expiatoires.

Il s'y rendait donc fréquemment: un jour, comme il s'en retournait, il fit rencontre d'une jeune fille, aux yeux de phénix, aux sourcils (arqués comme les antennes d'une chrysalide de) bombyx, aux lèvres rouges comme le vermillon, aux joues blanches comme le fard en un mot, personne comme jamais la terre n'en avait porté. Le roi la voyant, la trouva fort belle, et lui ordonna de pousser son char. Quand ils arrivèrent à la porte du palais, dite Đại hưng, la jeune femme, montant sur un nuage, s'éleva dans les airs et disparut. Le roi comprit alors que c'était une fée. Il l'aima et il y pensa tellement que son souvenir ne le quittait pas un seul instant. Il fit construire une tour,

appelée la tour de l'Attente de la Fée, qui existe encore aujourd'hui. Plus tard, un étudiant nommé Tú Uyên retrouva la fée dans cette même pagode. Cet événement a été retracé dans la légende de la rencontre merveilleuse auprès de l'Etang d'Azur, qui dans ce recueil a pour titre : le Lac de Tú Uyên.

47

Le temple de Ngọc-son, dont il a été question à propos du Petit-Lac dans le quarantième texte, page 72, est le siège d'une société de bienfaisance composée de mandarins, de gens du peuple comme il faut et de Chinois. Toutes les personnes qui ont le désir de faire le bien y sont admises. La société, tantôt imprime à ses frais des ouvrages de morale, tantôt, en temps de disette, distribue des secours. Elle entretient en outre un homme de peine pour ramasser le papier écrit.

Cet homme, payé à raison de trente ligatures par mois, n'a d'autre besogne que d'aller partout, sa journée entière, recueillir le papier couvert de caractères. Tout ce qu'il peut trouver, il vient le déposer dans un fourneau de fer, situé devant le temple de Ngọc-son, et y met le feu. Ce temple est, en effet, consacré au culte de l'Auguste Vănxương, qui préside à la Littérature: c'est pour cette raison que le papier est invariablement apporté là pour y être détruit par le feu. Dans les rues, de distance en distance, il a été aussi placé par les soins de la société, des boîtes en bois qui sont fixées dans les murs ou à des colonnes, et qui portent l'inscription: « Kinh tích tự chi» ce qui veut dire « Respect au papier écrit, afin que les passants, s'ils viennent à trouver des écrits, les ramassent et les déposent là dedans pour qu'on puisse ensuite les transporter également dans le fourneau et les y brûler.

L'écriture est vraiment une chose sacrée et que l'on considère à l'égal d'un saint. Si donc les membres de cette société la tiennent en si haute estime et ne se permettent pas de la jeter dans les immondices, c'est pour encourager, par l'exemple, les gens à faire un acte louable.

La coutume de recueillir le papier couvert de caractères n'est pas particulière au pays d'Annam. Elle se retrouve également en Chine et au Japon.

Il paraît qu'en Occident on respecte aussi le papier écrit ; mais ce respect a pour objet les monuments littéraires anciens, les ouvrages de valeur. Ainsi, il existe encore aujourd'hui des manuscrits datant d'il y a sept cents ans: tel est le cas que l'on y fait du livre.

C'était une nuit d'automne; la bise pénétrait à travers la fenêtre grillée de la jeune femme:

La lune montrait une seule moitié de son disque, et les trois étoiles du Baudrier d'Orion brillaient au milieu du ciel ;

Les baguettes d'encens exhalaient leur parfum jusqu'aux célestes parvis,

Et la jeune femme n'avait pas encore achevé de confier à la divinité tous les secrets de son cœur.

Soudain, dans ce tranquille asile, surgit une bande de malfaiteurs,

Et des hurlements à faire pleurer les diables, à épouvanter les génies, s'élèvent. Remplissant la Cour, des glaives dégainés scintillent, éblouissants.

La jeune femme, stupéfiée, ne savait encore ce que c'était.

Mais voilà que, tout à coup, on l'asperge avec un narcotique,

Et assoupie, comme dans un songe, elle n'a plus conscience de rien.

On la jette aussitôt sur un cheval,

Et sa chambre ainsi que la bibliothèque sont entourées de flammes furieuses. Justement, un cadavre non reconnu gisait sur la rive.

On le lance dans le feu pour donner le change; qui, en effet, saura la vérité ?

Les domestiques et les servantes, affolés, à demi-morts de peur,

Se dispersent, au hasard, parmi les buissons et les arbres pour se cacher.

M. Thuc père, qui demeurait aux environs, non loin de là,

A la vue de ces flammes soudaines, est saisi d'une telle frayeur qu'il en tremble de tous ses membres.

N° 80.

DEMANDE DE DÉGRÈVEMENT

Nous soussignés, notables de la commune de Khê than, conton de Ba đông, souspréfecture de Phù cù, préfecture de Khoái châu, province de Hưng yên, venons vous supplier, M. le Résident supérieur, de vouloir bien apporter un remède à notre triste situation et nous faire ressentir les effets de votre bonté.

Après avoir été inondés en l'année Canh dân, et pillés l'année suivante (faits qui sont consignés aux archives de la province), nous avons perdu entièrement la récolte du cinquième mois, de sorte que, réduits à aller chercher notre vie de côtés et d'autres, nous avons laissé à l'abandon nos champs qui, envahis par les mauvaises herbes, n'ont pu, pour cette raison, être mis en culture ni ensemencés.

Dans le courant du dixième mois, par ordre de l'autorité supérieure, nous avons dû travailler à la construction du chemin de fer et des routes, travaux qui nous

ont occupés tellement qu'il nous a été impossible de solder l'impôt des deux dernières années. A l'heure actuelle, indépendamment de la somme dont vous avez bien voulu nous dégrever, en raison de notre participation à ces corvées, et de celle que nous avons pu, à grand'peine, verser entre les mains du huyện, soit plus de quatre cents piastres, nous devons encore au moins autant. Or nons nous trouvons à présent dans une détresse si grande que nous ne voyons pas la possibilité de réunir une pareille somme. Si donc nous ne venions pas implorer votre bonté, nous serions dans la nécessité absolue de nous disperser.

Nous venons nous jeter à vos pieds, vous priant d'examiner notre situation et de prendre à notre égard telle mesure de bienveillance qui nous évite la triste nécessité d'abandonner notre village et nous permette de nous acquitter de l'impôt de cette année.

Nous vous saluons très respectueusement.

Le 1er jour du 6e mois intercalaire de la 4e année de Thành thái.

Signé: NGUYEN-HỮU-Úc, sergent du 8e degré, Sceau du maire, Võ-Đình-Dị Signé Le notable, DANG-KHOA, etc.

No 81. DU REPIQUAGE DU RIZ ET DE LA MOISSON

Quand les semis ont le temps voulu, on les arrache et on les transporte en plein champ pour les repiquer. Le riz hàtif se repique dès le mois de décembre ou de janvier, mais il n'est bon à couper qu'au quatrième ou au cinquième mois la fraicheur de la température qui règne durant cette période est cause qu'il faut tout ce temps (pour mûrir). Quant au riz de saison, dont le repiquage a lieu au sixième et au septième mois, il est bon à couper dès le neuvième ou le dixième mois, car en raison de la douceur de la température, il mûrit vite.

Le riz mûr, il faut embaucher des ouvriers qui, munis d'une faucille et d'un bâton aiguisé aux deux bouts, se rendent dans les champs pour couper la récolte. Quand ils ont moissonné une portion, ils bottèlent le paddy et le rapportent à dos à la maison.

A l'époque du repiquage et de la moisson, la campagne présente une grande animation. Les repiqueuses et les moissonneuses plaisantent entre elles et chantent des refrains d'amour, des vers de Thúy kiểu, adaptés à la circonstance. En voici quelques-uns:

LES REPIQUEUSES

L'une emmenant l'autre, elles sont montées au Pays des montagnes pour repiquer le riz;

Pour tout salaire, elles en ont rapporte deux tout petits bambins.

LES MOISSONNEUSES

L'une emmenant l'autre, elles sont allées faire moisson Histoire d'y chercher un petit mari, pour rire.

Vers de THÚY KIET adaptés.

Pendant les cent années que peut durer la vie de l'homme,

Il ne lui est donné de goûter la joie que durant quelques rares instants;

Je sais que, je ne suis qu'une faible femme,

Et que, chez les femmes, le talent ne se rencontre jamais avec le bonheur.

Quand la récolte est très bonne, une perche produit sept ou huit grandes corbeilles de paddy; elle en donne quatre ou cinq, si la récolte est moyenne, et deux ou trois seulement, si elle est mauvaise.

No 82. LES GÉNIES TUTELAIRES DES VILLAGES

C'est la coutume au pays d'Annam que l'on édifie dans chaque village un templè consacré au culte d'un génie appelé génie du rempart et du fossé, c'est-à-dire génie tutélaire. Son rôle consiste à administrer les choses de l'ordre surnaturel, de la même façon que les préfets et les sous-préfets, les chefs de cantons et les maires administrent au temporel. Au premier jour du mois et au quinzième, à la fête du nouvel an, à l'anniversaire de sa naissance, ainsi qu'au printemps et à l'automne, les habitants du village doivent se cotiser pour acheter des buffles et des hœufs, des porcs et des chèvres en vue de lui offrir un sacrifice et de célébrer la cérémonie pour la Paix; après quoi tous mangent et boivent ensemble joyeusement et faisant chère lie. De là le dicton : « Une seule portion dans une fête du village, fait autant que tout un repas chez soi. » Certaines communes même donnent, à cette occasion, des divertissements de toutes sortes comédies, danses de chanteuses, processions, parties d'escarpolette, jeu de l'anguille, échecs vivants, parties de cartes, qui ne prennent fin qu'au bout de quinze jours ou même d'un mois et que clôt la cérémonie appelée « Congé de l'assemblée ».

Quand la Cour fait une distribution solennelle de largesses, les notables des villages sont tenus de se rendre au chef-lieu de la province pour donner des renseignements sur les faits et gestes du génie protecteur de la commune et sur les manifestations de sa puissance; les autorités provinciales en font l'objet d'un rapport au ministère et celui-ci soumet des propositions au Roi qui décerne des diplômes au génie en question. (Il y a trois classes de génies: les génies supérieurs, les génies de la classe moyenne et les génies inférieurs; chacune de ces classes comprend deux degrés, l'un dit des génies


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31.

32. Verser de l'huile sur un feu déjà ardent.

Gueule de tigre, foie de méduse.

33. 34. 35.

Le verveux en pièces, il reste encore la haie de bambou.

Le cheval s'habitue au chemin qu'il a déjà parcouru.

36.

Elever des abeilles dans sa manche; nourrir un renard dans sa maison.

37.

(C'est comme) l'eau qu'on verse sur la tête d'un canard.

38. Se sauver seulement quand l'eau vous monte déjà à la ceinture.

39.

Le vin fait parler.

40.

Frire de la faïence pour en tirer de la graisse.

41.

La mâchoire broie ce que produit le travail des bras.

42.

Là où il y a du paddy, là vont les pigeons.

43.

Ecarter les poils en soufflant, pour chercher les cicatrices.

Le remède amer guérit la maladie.

Travaillez quand vous êtes en bonne santé, afin de mettre de côté. prévision de la maladie.

La vérité offense.

Quand on veut vraiment du bien à son enfant, on lui donne le fouet;

c'est lui vouloir du mal que de lui donner des sucreries et des friandises.

Quand on est monté haut, la chute en est d'autant plus grave.

Tordre un pilon pour en tirer de l'eau.

L'éléphant connaît l'éléphant; le cheval connaît le cheval.

Quand on décortique le paddy, on s'évite la peine de porter le bébé.

No 85.

BATTAGE, DÉCORTICAGE ET BLANCHISSAGE DU RIZ

C'est grâce au riz que les hommes peuvent se sustenter, mais pour produire un seul grain de ce riz et le mettre en état d'être mangé, il en coûte beaucoup d'efforts.

Le paddy, une fois coupé et rentré à la maison, on le bat contre un mortier de pierre renversé ; certaines personnes, mais c'est l'exception, le froissent avec les pieds pour en détacher les grains. Comme la paille qui a subi cette opération renferme encore des grains, il faut l'éparpiller dans l'aire de la cour et la faire ratisser par les buffles ou les bœufs; de la sorte il n'y reste pas le moindre grain. Le riz, une fois coupé et battu, on met de côté les éteules et la paille. La paille, c'est la partie de la tige comprise depuis le milieu jusqu'à la cime et dont le grain a été détaché par le battage; cette paille est disposée dans la cour, en tas appelés meules, pour servir uniquement à la nourriture des bestiaux. L'éteule, c'est la partie inférieure du chaume, qui, après la coupe de la récolte, demeure adhérente au sol par la racine. Plus tard, quand on a un moment, on va dan les


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ancêtres, chacun festoie et s'amuse, même les plus pauvres; de là ce diction: « Fût-on gueux à crever de faim, vienne le jour de l'an, on mange tout son saoûl. »

Le quinze du mois de janvier, des fêtes sont données dans les temples et les pagodes; ici des danses, là des chants; les uns vont adorer le Bouddha; les autres vont admirer le printemps; ce ne sont que voitures et cavaliers qui se pressent bruyamment; ce ne sont que vêtements coquets aux couleurs voyantes. Cette fête, appelée « premier commencement par les bonzes, a donné naissance à ce dicton « Les cérémonies qui ont lieu durant toute l'année en l'honneur de Bouddha ne valent pas à elles toutes celle du jour de la pleine lune du premier mois ». On veut signifier par là qu'en ce jour, qui marque le commencement de l'année et du printemps, tous les bouddhas et les génies descendant sur terre, chacun rivalise de zèle pour aller leur faire ses dévotions.

II. La fête des aliments froids

Le troisième jour du troisième mois, à la fin du printemps, s'appelle la fête des aliments froids, c'est-à-dire qui se mangent froids sans passer par le feu. Jadis Văn Công, un des rois du pays de Tân, en Chine, voulait donner un emploi à Giới tử Thôi mais celui-ci refusa. Retiré au fond de la forêt, il mettait son plaisir à contempler les mille aspects de la nature Le roi, dans sa colère, ayant fait mettre le feu à la forêt, ce philosophe ne consentit pas davantage à en sortir, et, tenant un arbre étroitement embrassé, il mourut dans les flammes. Les gens du peuple furent touchés de la triste fin de ce sage, qui avait péri par le feu. Aussi, quand arrive le jour anniversaire de sa mort, on confectionne par avance des gâteaux, que l'on met dans l'eau pour ne les manger qu'une fois refroidis et qui s'appellent gâteaux à-vau-l'eau. Voici comme se fait cette pâtisserie : On pile du riz pour le réduire en farine; on pétrit cette farine en masses parfaitement arrondies et semblables au fruit du jujubier, à l'intérieur desquelles on introduit un petit morceau de sucre et on les met bouillir dans une marmite. Un moment après, ces gâteaux sont bons à manger; mais, placés dans une assiette remplie d'eau fraiche, il sont encore mangeables au bout de deux ou trois jours, bien loin d'être passés.

III. Fêtes du midi juste

En Chine, comme en Annam, (on est persuadé que) quiconque, à l'heure du midi du cinquième jour du cinquième mois, mange ou boit fût-ce même quelque chose de malsain, n'en éprouve aucun mal; et, de même tous les objets qu'on expose au soleil, livres, papiers, effets, ne sont pas sujets à moisir dans le courant de l'année. Enfin, toutes les plantes cueillies, sans distinction aucune, pour être employées comme médicaments, sont de la plus grande efficacité. On confectionne aussi des amulettes avec des fils de toutes nuances et on en dessine toutes sortes d'autres que l'on colle dans la maison, que l'on porte sur soi ou que l'on fait porter à ses enfants pour conjurer les maléfices et détruire l'effet des substances nuisibles à la santé.